PARIS (Reuters) - Le chômage est reparti à la hausse en février en France, un mouvement qui touche toutes les catégories d'âge et qui a porté le nombre de demandeurs d'emplois à un nouveau record dans la catégorie A, selon les données publiées jeudi par le ministère du Travail.
Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A, sans aucune activité, a ainsi progressé de 1,1% sur le mois pour atteindre 3.591.000, soit 38.400 de plus qu'à fin janvier.
En ajoutant les catégories B et C (personnes ayant exercé une activité réduite), la hausse est limitée à 0,1% (+3.100 à 5.462.800, 5.766.300 en incluant les départements d'Outre-mer).
Ces progressions font suite à des baisses de 0,8% (A) et 0,3% (A, B et C) en janvier.
Ces chiffres, publiés à la fin d'une journée marquée par la présentation en conseil des ministres du projet controversé de réforme du Code du travail et par des manifestations de jeunes contre ce texte, ont été repris par les différents camps pour justifier leur position.
"Ces résultats nous montrent aussi qu'au-delà des mesures de court terme structurelles, nous allons continuer à réformer notre pays jusqu'au bout, c'était le sens du projet de loi que j'ai présenté ce matin en conseil des ministres, qui vise justement à développer de nouvelles réponses à la fois pour encourager l'emploi durable (...), en donnant plus de souplesse aux entreprises (...) et en créant aussi des droits nouveaux", a déclaré la ministre du Travail Myriam El Khomri sur iTELE.
LES PREMIÈRES ENTRÉES AU PLUS HAUT DEPUIS 16 ANS
Dans un communiqué, le Medef, déçu par les modifications que le gouvernement a apportées, réclame "le retour à l'ambition initiale du projet de loi Travail", jugeant que "la loi présentée aujourd’hui au Conseil des ministres est (...) une occasion ratée."
"Les chiffres du chômage viennent rappeler à chaque Français notre incapacité à nous réformer et à prendre enfin des mesures fortes pour lever la peur d’embaucher", déclare Pierre Gattaz, président de l'organisation patronale.
De son côté, la CGT estime que l'évolution du nombre de chômeurs en France justifie de "changer de politique", ce qui passe par le "retrait de la loi El Khomri."
Depuis l'été dernier, le nombre d'inscrits à Pôle emploi alternait mois après mois baisses et hausses et son évolution dans une fourchette très étroite laissait augurer une stabilisation.
Le chiffre de février, qui traduit notamment une forte augmentation des premières entrées à Pôle emploi, marque une accélération à la hausse.
Sur trois mois, le nombre de demandeurs d'emplois de catégorie A progresse ainsi de 0,6%, alors qu'il reculait de 0,8% sur les trois mois à fin janvier. Sur un an, il augmente de 2,5% contre 1,8% un mois plus tôt.
Par catégorie d'âge, les chômeurs de moins de 25 ans ont augmenté de 0,5% en février et les seniors de 0,9%. Les plus touchés ont été les 25-49 ans (+1,3%).
Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi, considérés comme chômeurs de longue durée, a encore augmenté de 0,3% sur le mois et de 8,5% sur un an.
Leur part dans le nombre total de chômeurs est en hausse de 0,1 point à 45,5% et l'ancienneté moyenne de leur inscription s'allonge de quatre jours, à 578.
S'agissant des entrées et sorties à Pôle emploi, désormais publiées sur la base d'une moyenne des trois derniers mois, les premières ont augmenté de 1,8% et les secondes de 2,6%.
Les premières entrées ont bondi de 17,4% pour atteindre 39.900, ce qui est sans précédent depuis 16 ans.
Côté sorties, le nombre de cessations d'inscription pour défaut d'actualisation est au plus haut depuis l'été 2013.
(Yann Le Guernigou et Myriam Rivet, édité par Sophie Louet)