PARIS (Reuters) - Anne Hidalgo a annoncé vendredi la création, en 2020, d'une police municipale à Paris qui sera équipée de matraques et de bombes de gaz lacrymogène mais pas d'armes à feu.
C'est un revirement de la part de la maire de la capitale, engagée dans la pré-campagne des municiaples de 2020, qui s'était jusqu'à présent opposée à la naissance d'une telle police, courante dans les autres grandes villes de France.
"Compte tenu du consensus des Parisiens sur le sujet et de la nécessité de nommer les choses, j'ai décidé de créer une police municipale", déclare l'élue socialiste dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France.
Ses missions seront de "faire respecter la propreté des rues, en luttant contre les dépôts d'ordures ou le vandalisme", d'"assurer la tranquillité publique, en luttant contre les nuisances sonores" et de "protéger les citoyens dans leurs déplacements".
Pour justifier sa décision, Anne Hidalgo invoque la menace terroriste, les policiers nationaux étant désormais moins disponibles pour la gestion des "questions de la tranquillité publique, du quotidien et de la façon dont on peut faire respecter les règles collectives".
L'édile, qui dit avoir reçu le soutien du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, parle d'un "contrat gagnant-gagnant" avec le gouvernement : "Je m'engage à créer la police municipale et lui s'engage à maintenir les effectifs dans les commissariats", soit environ 15.000 agents relevant de la place Beauvau.
"Les agents auront des matraques et des bombes lacrymogènes, qui permettent de garantir un certain nombre d’interventions pour lesquelles cette police est mobilisée. Mais pas d'arme à feu", précise encore l'ex-adjointe de Bertrand Delanoë.
La mairie souhaite recruter 200 personnes dans les mois à venir, qui viendront s'ajouter aux 3.200 agents déjà affectés à des missions de sécurité.
L'annonce d'Anne Hidalgo a suscité des réactions hostiles jusque dans sa majorité.
"La police municipale à Paris, c'est non", a réagi par communiqué le président du groupe Communiste-Front de gauche, Nicolas Bonnet Oulaldj, qui redoute une réduction de la voilure de la police nationale et une augmentation des dépenses.
A droite, le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel, du parti Agir, a pour sa part critiqué "l'inertie" d'Anne Hidalgo pendant cinq ans et un "mauvais choix de gouvernance", d'autant plus difficile à mettre en oeuvre que la majorité au pouvoir risque de ne pas la suivre.
Le groupe Les Républicains a fustigé une police en trompe-l'oeil, qui "ne sera équipée que de matraques et n'aura pas toutes les compétences d’une véritable police municipale".
(Simon Carraud avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)