PARIS (Reuters) - François Hollande a pris lundi la défense de l'espace Schengen de libre circulation des personnes dans l'Union européenne, que Nicolas Sarkozy veut réformer pour lutter contre les flux d'immigration, au prix d'une politique de la chaise vide.
"Faire éclater Schengen, ce serait reculer, rétablir des frontières pays par pays!", a estimé le président, qui inaugurait le musée de l'Immigration, sept ans après son ouverture sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
"Nous devons défendre ce principe", a-t-il ajouté en évoquant la libre circulation comme un "acquis fondamental" de la construction européenne.
Nicolas Sarkozy, nouveau président de l'UMP, propose que la France fasse la grève du traité de Schengen tant que de nouvelles dispositions ne seront pas adoptées pour enrayer l'immigration irrégulière.
François Hollande a défendu une vision "sereine" de l'histoire de l'immigration et profité de l'inauguration du musée pour critiquer sans le nommer son prédécesseur.
"Sept ans, c'est long pour une inauguration officielle", a-t-il ironisé, rappelant ainsi implicitement que Nicolas Sarkozy n'avait pas souhaité se déplacer pour l'ouverture du musée.
François Hollande avait déjà profité du sommet de la francophonie fin novembre à Dakar pour se démarquer de son rival de 2012 sur les questions d'immigration.
Il avait ainsi affirmé que l'Afrique était entrée dans l'Histoire et était "aussi une partie de notre avenir", dans une réponse au discours prononcé il y a sept ans par Nicolas Sarkozy dans la capitale sénégalaise.
Mais les partisans de l'octroi du droit de vote aux immigrés aux élections locales, promesse de campagne de François Hollande, l'ont entendu répéter sa position : elle est hors de portée si l'opposition campe sur sa position de refus.
"Rien ne peut se faire sans une révision de la Constitution, ce qui suppose une majorité des trois cinquièmes", a-t-il dit en prônant un "accord entre les forces républicaines".
"A elles de prendre leurs responsabilités."
(Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)