WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump s'en est pris très vivement vendredi sur Twitter (NYSE:TWTR) à une ancienne ambassadrice américaine en Ukraine au moment même où elle témoignait au Congrès dans le cadre de l'enquête en vue de l'ouverture éventuelle d'une procédure de destitution du président des Etats-Unis.
Les démocrates ont immédiatement assimilé cette intervention présidentielle à une tentative d'intimidation de témoin.
Marie Yovanovitch, qui a été limogée au printemps, a dit ne rien avoir à se reprocher et a jugé que son éviction avait été très dommageable pour la diplomatie américaine.
"Partout où Marie Yovanovitch est allée, les choses ont mal tourné. Elle a commencé en Somalie et que s'est-il passé ?", a tweeté Donald Trump pendant son audition.
Adam Schiff, président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, l'a ensuite invitée à réagir à ce tweet. Marie Yovanovitch l'a qualifié de "très intimidant".
"Je ne peux pas dire ce que le président essaie de faire, mais je pense qu'il s'agit d'intimider", a-t-elle déclaré.
"Eh bien, sachez, Madame l'ambassadrice, que certains d'entre nous ici prennent l'intimidation des témoins très, très au sérieux", a répondu Adam Schiff.
NOUVEAU MOTIF DE PROCÉDURE EN DESTITUTION ?
Un peu plus tard, le représentant démocrate Eric Swalwell, membre de la commission, a déclaré à la presse que l'intervention de Donald Trump pourrait tomber sous le coup d'un autre article de la procédure de destitution du président des Etats-Unis, cette fois pour obstruction.
La Maison Blanche a ensuite nié toute tentative d'intimidation. "Ce tweet ne constituait pas une intimidation de témoin, c'était simplement l'opinion du président, à laquelle il a droit", a déclaré sa porte-parole Stephanie Grisham.
Marie Yovanovitch a été démise de ses fonctions d’ambassadrice à Kiev en mai après avoir été mise en cause par Rudy Giuliani, l'avocat de Donald Trump, alors qu’il cherchait à obtenir des autorités ukrainiennes l'ouverture de deux enquêtes susceptibles de compromettre l'ancien vice-président Joe Biden, adversaire le plus en vue du chef de l'Etat pour la présidentielle de 2020.
Selon le Parti démocrate, la Maison Blanche a ordonné le limogeage de la diplomate pour permettre aux collaborateurs de Trump de persuader Kiev d'enquêter sur Hunter Biden, fils de Joe Biden, qui siégeait au conseil d'administration d'une compagnie d'énergie ukrainienne.
Rudy Giuliani aurait par ailleurs essayé d'obtenir l'ouverture d'une deuxième enquête sur des allégations infondées mais défendues par certains membres de l'administration Trump selon lesquelles les ingérences étrangères dans la campagne pour la présidentielle américaine de 2016 n'émanaient pas de Russie mais d'Ukraine.
L’enquête parlementaire ouverte aux Etats-Unis porte principalement sur une conversation téléphonique du 25 juillet au cours de laquelle Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien Volodimir Zelenski d’ouvrir les enquêtes en question. Les démocrates soupçonnent Donald Trump d'avoir cherché à faire pression sur lui en suspendant une aide militaire de 391 millions de dollars.
(Patricia Zengerle, Susan Cornwell, Richard Cowan, David Morgan et Karen Freifeld, Jean-Philippe Lefief pour le service français)