PARIS (Reuters) - Jacqueline Sauvage est sortie de prison mercredi en fin d'après-midi, quelques heures après l'annonce de la décision de François Hollande de lui accorder une remise gracieuse du reliquat de sa peine d'emprisonnement.
Cette sexagénaire qui avait été condamnée en 2014 à dix ans d'emprisonnement pour le meurtre de son mari violent, a quitté discrètement en fin d'après-midi le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), à bord d'une voiture banalisée selon des images diffusées par BFMTV.
"Le président de la République a estimé que la place de madame Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille", avait indiqué l'Elysée dans un communiqué diffusé dans l'après-midi.
"Cette grâce met fin immédiatement à sa détention", était-il précisé.
La décision du chef de l'Etat, qui n'efface pas sa condamnation, a été saluée par des personnalités politiques de tous bords, du Parti socialiste (Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon) au Front national (Marine Le Pen, Florian Philippot) en passant par Les Républicains (Valérie Pécresse, Valérie Boyer).
La présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), Virginie Duval a en revanche dénoncé sur BFMTV une décision "affligeante" prise pour "plaire à l'opinion publique" et "répondre à une demande médiatique", sans tenir compte des décisions de justice.
"C'est un long combat qui s'achève en ce qui concerne le cas Jacqueline Sauvage mais notre combat continue pour toutes les autres femmes", a déclaré sur BFMTV l'une de ses avocates, Janine Bonaggiunta, en estimant que François Hollande avait "fait preuve d'humanité".
Jacqueline Sauvage avait tiré en 2012 trois coups de fusil de chasse dans le dos de son mari, après avoir subi ses violences pendant 47 ans.
Elle a été condamnée à dix ans de réclusion en première instance en octobre 2014, une peine confirmée en appel en décembre 2015.
Le chef de l'Etat lui avait déjà accordé une remise de peine fin janvier, ramenant la fin de sa peine, initialement prévue pour 2020, au 2 juillet 2018. Mais la demande de libération conditionnelle soumise à la suite de cette décision a été refusée le mois dernier. [nL8N1DP3FQ]
Le cas de Jacqueline Sauvage, devenue un symbole des victimes de violences conjugales, a suscité un large soutien populaire, de nombreuses personnalités du monde du spectacle et de nombreux politiques se prononçant également en faveur de sa libération.
(Jean-Baptiste Vey et Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)