FLEURY-MEROGIS Essonne (Reuters) - L'ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel est sorti lundi matin de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), après avoir obtenu la semaine dernière un placement sous surveillance électronique.
A sa sortie, vers 09h00, Jérôme Kerviel, condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour une perte record en 2008 dans le cadre de ses activités à la banque, s'est déclaré "super heureux" mais a souligné que son "combat" allait se poursuivre.
L'ex-courtier a toujours dit que la Société Générale savait qu'il prenait des positions vertigineuses non couvertes. Selon lui, une étude comptable et financière permettrait de démontrer que la banque a gonflé ses pertes.
"Je vais plus que jamais continuer ce combat-là, il y a de nombreux fronts qui sont engagés. Le combat, il continue, j'ai envie de dire qu'il commence", a-t-il dit à la presse à sa sortie de détention.
Un nouveau procès au civil devra déterminer le montant des dommages imputables à l'ancien trader, et celui-ci devrait déposer une nouvelle demande d'expertise à cette occasion.
Une information judiciaire pour faux, usage de faux et escroquerie au jugement est par ailleurs ouverte à la suite de plaintes de Jérôme Kerviel contre son ancien employeur.
TROIS PLAINTES DE SOCGEN
Dans un communiqué transmis à Reuters, la Société générale souligne avoir également déposé trois plaintes avec constitution de partie civile en dénonciation calomnieuse "face aux allégations inexactes contenues dans les trois plaintes déposées par Jérôme Kerviel".
"Les sujets évoqués ont déjà fait l'objet de nombreuses expertises et de débats contradictoires au cours des six années de procédures judiciaires", écrit la banque, qui souligne que la Cour de cassation a conclu à la culpabilité pénale "exclusive" de l'ex-trader et n'a pas remis en cause le montant du préjudice financier subi par la Société Générale.
La Cour de cassation a confirmé fin mars sa condamnation pénale pour abus de confiance, faux, usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, mais cassé les dispositions de l'arrêt l'obligeant à payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société générale.
Libéré lundi sous surveillance électronique, l'ancien trader pourra quitter son domicile de 07h00 à 20h30 chaque jour, exercer une activité professionnelle - dans une société de conseil en logiciels informatiques - et sortir chaque week-end et jour férié.
"C'est toujours mieux que d'être enfermé dans neuf mètres carrés et de n'être en contact avec personne", a-t-il dit après avoir remercié "le personnel pénitentiaire" et "tous les gens" qui l'ont soutenu.
"Je suis super heureux de sortir aujourd'hui. Ça va être plus facile pour moi et mes proches", a-t-il ajouté, disant vouloir "enfin profiter de la vie".
Sous réserve d'avoir satisfait à l'épreuve du placement sous surveillance électronique, Jérôme Kerviel, 37 ans, pourra bénéficier d'une libération conditionnelle dès le 26 juin 2015.
(Pauline Mevel et Morade Azzouz, avec Grégory Blachier et Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)