LIMA (Reuters) - Les participants à la conférence de l'Onu sur le climat de Lima sont à l'heure des choix alors que les débats parviennent à leur terme dans la capitale péruvienne et qu'ils doivent décider où placer la barre de leurs ambitions en vue de la conférence de Paris l'an prochain.
La conférence de Lima est le dernier événement majeur avant le rendez-vous parisien où devrait être conclu un premier accord universel et contraignant sur le climat pour limiter la hausse de la température globale après 2020 (le protocole de Kyoto, négocié en 1997, ne fixait d'objectifs quantifiés qu'aux seuls pays développés).
L'an dernier, les pays concernés s'étaient engagés à rendre public leurs objectifs au moins six mois avant cette Cop-21, la 21e conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui aura lieu en décembre 2015 dans la capitale française.
A Lima, les débats de la Cop-20 se sont engagés au début du mois sur une dynamique positive après l'annonce par les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne d'objectifs concrets de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ils ont été confortés lorsque les promesses de contribution au Fonds vert de l'Onu, qui doit aider les pays les plus pauvres à réduire leurs émissions et à faire face aux conséquences des catastrophes climatiques, ont dépassé 10 milliards de dollars.
Mais les divisions n'ont pas tardé à refaire surface le long des lignes de fracture habituelles entre pays riches et pauvres, que ce soit sur le partage de la responsabilité de la réduction des émissions des gaz à effet de serre, le droit de regard des uns et des autres sur le respect des objectifs, ou encore la contribution financière que doivent verser les pays développés dans les prochaines années.
"POUR QUE PARIS SOIT UN SUCCÈS..."
Le projet de déclaration finale de la conférence, qui a été présenté tard jeudi soir à Lima, propose trois options aux 190 pays représentés: l'une faible, l'autre moyenne, la troisième plus ambitieuse.
"Pour que la conférence de Paris soit un succès", il est important que les participants retiennent l'option la plus ambitieuse, estime Siddharth Pathak, de Réseau Action Climat.
"Le moment est venu pour les Etats de commencer à faire des choix qui permettront de prolonger l'élan sur lequel a débuté cette conférence", renchérit Jennifer Morgan, directrice des programmes climatiques au World Resources Institute, un groupe de réflexion basé à Washington.
"Le projet de déclaration s'éloigne trop du monde réel dans lequel les pays doivent prendre des engagements concrets. Ces pays doivent sortir de l'ombre et fournir des informations appropriées sur leurs intentions. Ce n'est quand même pas trop demander", ajoute-t-elle.
Les participants doivent notamment s'entendre sur quatre points qui ne font pas l'unanimité: l'ampleur des engagements qui seront pris l'an prochain, leur niveau de détail, l'adoption d'un processus formel d'évaluation des objectifs dans la seconde moitié de l'année prochaine et la possibilité de les rendre plus élevés d'ici à 2020.
Aux yeux des experts, le processus d'évaluation est crucial pour qu'émerge une démarche collective et responsable.
Alors que certains pays voudraient se contenter de publier leurs objectifs de réduction d'émissions sur un site de l'Onu, d'autres plaident pour fixer le cadre d'un dialogue où ceux-ci seront débattus. Ce cadre réduirait le risque de voir des pays faire des promesses à la légère, puisqu'ils devraient ensuite les défendre. Et il augmenterait ainsi les chances de parvenir à une vraie baisse des émissions.
Sur tous les points litigieux, la décision des Etats de retenir ou non l'option la plus ambitieuse est "importante pour établir un climat de confiance avant la conférence de Paris", reprend Jennifer Morgan.
"Cela permettra d'avoir suffisamment d'informations pour que les gouvernements et les opinions publiques comprennent ce à quoi chaque pays s'engage."
(Gerard Wynn; Tangi Salaün pour le service français)