PARIS (Reuters) - La cote de François Hollande a bondi de 21 points, à 40% d'opinions favorables, dans le baromètre Paris Match-Sud Radio Ifop Fiducial publié lundi, un élan qui donne au président français "encore plus d'audace" réformatrice.
Soixante pour cent des personnes interrogées les 16 et 17 janvier estiment que le chef de l'Etat, dont la gestion des attentats des 7, 8 et 9 janvier et de leurs suites a été saluée, défend bien les intérêts de la France à l'étranger.
"C'est la plus forte hausse jamais constatée pour un président de la République en exercice en à peine un mois", a déclaré à Reuters Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, à Reuters.
"Pour les Français, François Hollande a été à la hauteur, il a fait face, il a gommé les critiques récurrentes, les reproches de manque d'autorité et de fermeté, il a endossé pour beaucoup de Français le costume de président et il en récolte les fruits. C'était complètement imprévisible", a ajouté le sondeur.
L'approbation de sa politique économique progresse également mais reste à un niveau faible (+7 points à 24%), et 23% des Français souhaitent aujourd'hui la réélection de François Hollande, contre 14% un mois plus tôt.
Le taux d'approbation du Premier ministre Manuel Valls a progressé de son côté de 17 points à 61%, soit un plus haut depuis son arrivée à Matignon en mars dernier.
François Hollande a déclaré au quotidien Le Monde paru lundi qu'il entendait utiliser l'élan des derniers jours, et notamment la plus grande mobilisation jamais recensée dans les rues de France après les attentats qui ont fait 17 morts.
"Le pays a changé, le regard qu'il porte sur ma présidence aussi", a-t-il dit samedi en marge de ses voeux à Tulle. "La France est sortie plus forte de cette tragédie."
LE PS LUI AUSSI DOPÉ
Le président français ne veut ni "repasser aux affaires courantes", ni "concentrer toute l'action gouvernementale sur le seul sujet du terrorisme".
"Certes, il est impératif de tirer toutes les conséquences de ce que révèlent ces terribles crimes et de garantir la sécurité des Français. Mais cet événement doit nous donner encore plus d'audace dans l'action réformatrice que j'ai engagée avec le premier ministre", a-t-il ajouté.
En revenant à 40% de satisfaction, Hollande retrouve son niveau de la fin de l'année 2012, souligne l'Ifop, qui relève que l'embellie est surtout sensible auprès des partis de gouvernement : au PS (+30 points), à l'UDI (+24) et à l'UMP (+16), beaucoup moins auprès du Front de gauche ou des Verts.
"Il y a un état de grâce, mais je ne sais pas si cela va durer", a déclaré à Reuters Frédéric Dabi,
Un sondage BVA pour Orange et iTELE diffusé samedi donne peu ou prou les mêmes résultats et souligne que la présidente du Front national, Marine Le Pen, ne profite pas de la situation.
Sa "cote d'influence", équivalente selon l'institut à un pourcentage de bonnes opinions, reste quasiment stable (27%, +1), tout comme la popularité du Front national (28%), qui redevient inférieure à celle du Parti socialiste (30%, +4), pour la première fois depuis la rentrée de septembre.
Les attentats "n'aident pas le FN parce que finalement les Français se sont ressoudés sur les valeurs républicaines", souligne Eric Bonnet, directeur d'études à BVA.
L'ÉCONOMIE RESTE CRUCIALE
Ce dernier pense cela aidera François Hollande à faire passer ses réformes économiques.
"L'image de Hollande a été renforcée parmi les sympathisants de gauche et c'est ça qui lui posait problème avant."
Reste à voir si cela se traduira dans les urnes lors de la législative partielle dont le premier tour aura lieu le 1er février dans le Doubs pour compenser le départ de l'ancien ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, à Bruxelles.
Le PS a perdu tous les scrutins - législatives partielles, européennes, municipales et sénatoriales - organisés depuis son arrivée au pouvoir et les sondages donnent le Front national en très bonne position dans le Doubs.
L'autre test sera celui des départementales de mars prochain, plus de deux mois après les attentats.
Pour Eric Bonnet, "les mêmes questions (économiques) vont se reposer pour Hollande" au moment des départementales.
Pour Frédéric Dabi, il y a deux dangers pour François Hollande : "que l'absence de résultats socio-économiques, les frustrations, le mécontentement des français sur le terrain économique et social remontent à la surface" et les élections départementales "qui vont refabriquer du clivage gauche-droite et sans doute mettre fin à cette unanimité gauche-droite".
François Hollande s'est d'ailleurs dit dans Le Monde "conscient que ce sera toujours sur les questions de résultats économiques et sociaux et de confiance dans l'avenir que les Français exprimeront le moment venu leur choix".
(Yves Clarisse, avec Yann Le Guernigou, Mark John, Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)