par Simon Carraud
LE BAULE, Loire-Atlantique (Reuters) - Les têtes d'affiche de l'université de rentrée des Républicains, à la Baule (Loire-Atlantique), ont appelé samedi au respect de règles de bonne tenue pour éviter que la droite ne sorte en lambeaux de sa primaire et ne coure à la défaite en 2017.
Depuis l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy la semaine dernière, les principaux candidats ont multiplié les phrases assassines, réveillant le souvenir des rivalités qui ont opposé ces dernières décennies Jacques Chirac à Edouard Balladur en 1995 ou Jean-François Copé à François Fillon en 2012.
Indéboulonnable favori depuis deux ans, Alain Juppé a plaidé pour que la primaire soit "l'occasion d'un débat et pas d'un pugilat". "Le risque existe", a-t-il prévenu.
"C'est la raison pour laquelle je propose un code de bonne conduite. Premièrement, pas d'attaque personnelle (...), deuxièmement, un scrutin transparent et incontestable", a déclaré le maire de Bordeaux devant quelques centaines de militants.
Son code de savoir-vivre politique comporte également "un engagement clair et définitif de chaque concurrent à soutenir celui qui, au soir du deuxième tour, sera le champion de la droite et du centre".
Comme lui, la plupart des prétendants entrevoient l'alternance à l'issue du quinquennat de François Hollande mais craignent de voir apparaître des fractures si profondes qu'elles empêcheraient à la droite de se ressouder après le 27 novembre.
Car la campagne a pris un nouveau tour ces deux dernières semaines : François Fillon a décoché une flèche contre Nicolas Sarkozy ("Qui imagine le général de Gaulle mis en examen?"), l'ex-président a moqué les "oreilles sensibles" d'Alain Juppé et ce dernier dénoncé la flatterie des "bas instincts".
La peur d'une balkanisation irrémédiable de la droite a poussé tous les orateurs de samedi à lancer des mises en garde.
Thierry Solère, président de la commission d'organisation de la primaire, a présenté comme "le seul ennemi de la droite" sa propre tendance à se diviser et Eric Woerth, secrétaire général du parti et soutien de Nicolas Sarkozy, a dit "'non' aux arrière-pensées pleines de haines ou de vieilles querelles".
"J'AI SERRÉ LES DENTS"
Pour éviter que l'université de la Baule ne vire à la mêlée, le "filloniste" Bruno Retailleau, président du conseil régional du Val-de-Loire et hôte du rendez-vous, s'est efforcé cette semaine de jouer les intermédiaires avec l'équipe de Nicolas Sarkozy, avec qui il a eu une conversation par téléphone.
"Il y a eu un démarrage en côte cette semaine", a-t-il jugé, en marge des discours.
"Toute compétition amène nécessairement des divisions. Dans un premier temps, on cherche à se distinguer, à se différencier mais dans un deuxième temps il faudra créer les conditions du rassemblement en novembre", a-t-il ajouté.
François Fillon, qui a mené la charge la plus virulente le week-end dernier lors d'un discours prononcé dans son fief sarthois, a cette fois-ci tempéré son propos et n'a cité Nicolas Sarkozy que pour afficher la loyauté témoignée à l'ex-président lorsque lui-même était Premier ministre, de 2007 à 2012.
"Il m'est arrivé d'avoir des doutes ou des désaccords mais jamais je ne les ai exposés sur la place publique, jamais je ne me suis permis de désavouer les décisions du chef de l'Etat, jamais je n'ai été déloyal", a souligné François Fillon.
"Parfois j'ai serré les dents, mais quand on est au gouvernement de la France, on sert la France", a-t-il encore dit, avant d'insister sur les divergences dans le camp d'en face, ravivées par la démission d'Emmanuel Macron du ministère de l'Economie et ses possibles ambitions présidentielles.
"La présidence de François Hollande s'achève dans la médiocrité et dans le désordre. Le bilan est calamiteux et d'ailleurs les ministres s'empressent de quitter le Titanic. Jamais je n'avais vu une telle décomposition et une telle pagaille", a déclaré le député de Paris.
Il a cependant glissé dans son discours des remarques pouvant être interprétées comme des allusions à l'ex-chef de l'Etat, mis en examen dans deux affaires, notamment lorsqu'il a fait référence aux "affaires judiciaires" qui ont selon lui entamé le crédit des institutions ces dernières années.
Malgré les intentions affichées, le campus de La Baule n'a pas donné lieu à une réconciliation générale entre les principaux candidats.
Tous trois présents samedi à l'heure du déjeuner, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire ont fait table à part, entourés chacun de leur garde rapprochée et d'une nuée de journalistes.
Nicolas Sarkozy, qui s'était brièvement affiché avec les deux ex-Premiers ministres lors de l'édition 2015, devait quant à lui intervenir dimanche en début d'après-midi, après le départ de ses concurrents les plus sérieux.
(édité par Yann Le Guernigou)