PARIS (Reuters) - Le ministère français de la Justice a annoncé lundi soir avoir reçu de la part du gouvernement italien une demande officielle d'extradition d'un militant d'extrême gauche des "années de plomb" qui s'est réfugié en France.
Cette question a ressurgi le mois dernier après la capture en Bolivie puis l'extradition de Cesare Battisti, symbole du militantisme des "années de plomb" italiennes, qui a longtemps vécu en France, hors de portée de la justice transalpine.
Dans la foulée, le ministre italien de l'Intérieur et dirigeant d'extrême droite, Matteo Salvini, a demandé à la France de lui livrer d'autres ex-activistes.
"A ce jour, les échanges entre les ministères de la justice français et italien portent sur une quinzaine de dossiers", a déclaré lundi soir à Reuters le porte-parole de la chancellerie.
"Nous avons par ailleurs reçu la semaine dernière une demande d'extradition dont la situation sera examinée" lors d'une réunion de travail prévue mercredi, a ajouté Youssef Badr, précisant qu'une "deuxième demande d'extradition devrait nous parvenir prochainement."
La réunion de travail prévue mercredi "va consister à analyser techniquement et juridiquement les situations. Aucune décision sur le fond des dossiers ne sera prise", a-t-il dit.
De nombreux activistes de l'extrême gauche italienne ayant rompu avec leur engagement ont trouvé refuge en France à la faveur de la "doctrine Mitterrand", définie dans les années 1980 par le président français de l'époque.
Dans les années 2000, le gouvernement français a engagé un dialogue avec les autorités italiennes sur le sujet.
C'est dans ce cadre que nombre de demandes d'extradition présentées par l'Italie concernant notamment d'ex-membres des Brigades rouges ont été réexaminées, notamment les situations concernant les faits les plus graves.
La situation de Cesare Battisti avait ainsi été identifiée comme devant faire l'objet d'un traitement prioritaire, ce qui avait conduit à l'adoption d'un décret d'extradition en 2004.
Cet ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme (Pac), avait alors pris le chemin du Brésil, puis de la Bolivie, avant son retour médiatisé dans son pays d'origine, où il doit purger une peine de perpétuité à laquelle il a été condamné pour quatre meurtres commis dans les années 1970.
(Emmanuel Jarry et Simon Carraud, édité par Jean Terzian)