PARIS (Reuters) - La France a appelé mardi les Nations unies à utiliser "sans délai" tous les mécanismes qui permettraient de faire la lumière sur la situation en cours à Alep, la deuxième ville de Syrie, où des témoignages font état d'exactions et d'exécutions sommaires.
A l'image de la dizaine de pays occidentaux et arabes réunis samedi à Paris, la France apparaît démunie face à l'opération de reconquête en cours des quartiers-est de la ville par les forces de Bachar al Assad, appuyées par leurs alliés russe et iranien, poussant à la fuite des milliers de civils.
"Alors que le martyre d’Alep se poursuit, de nombreuses allégations d’exactions commises par les forces favorables au régime de Bachar Al Assad nous parviennent", écrit le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault dans un communiqué.
"Assassinats de sang-froid de familles entières au motif qu’elles seraient réputées proches de l’opposition, exécutions sommaires, notamment de femmes et d’enfants, personnes brûlées vives dans leurs maisons, poursuite du ciblage systématique des hôpitaux, de leur personnel et de leurs patients", énumère-t-il.
A l'heure où la bataille d'Alep entre, selon le régime, dans "sa phase finale", "toute la lumière doit être faite sur les souffrances infligées aux populations civiles".
"J’appelle les Nations unies à utiliser sans délai tous les mécanismes qui permettent d’établir la vérité sur ce qui se passe à Alep et à la communauté internationale de faire en sorte que ces crimes ne restent pas impunis", écrit Jean-Marc Ayrault.
Les soutiens du régime, à commencer par la Russie, "ne peuvent pas laisser faire et admettre cette logique de vengeance et de terreur systématique sans prendre le risque d’en être complices."
Depuis la reprise des bombardements mi-septembre des quartiers tenus par les rebelles par les aviations russe et syrienne, la communauté internationale a tenté, en vain, de convaincre les alliés du régime - Russie et Iran - d'user de leur influence pour mettre en place un cessez-le-feu immédiat.
LETTRE MORTE
Des appels jusqu'à présent restés lettre morte. Pour la sixième fois depuis le début du conflit en Syrie en 2011, la Russie a mis son veto le 5 décembre dernier à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Le texte demandait notamment l’arrêt des bombardements sur les quartiers est d’Alep, pour permettre l’acheminement d’aide humanitaire.
Malgré ce blocage à l'Onu, la France entend maintenir "la pression sur le régime et ses soutiens", a souligné une source diplomatique, pointant une "contradiction russe".
"On ne peut pas être dans une stratégie à la Grozny, raser tout le pays, et réclamer en même temps des négociations politiques", poursuit cette source.
"Le régime syrien ne gagnera pas cette guerre, les Russes ne gagneront pas cette guerre. Il ne faut pas penser qu'une fois la Syrie utile reconquise, tout va reprendre comme avant, les fleurs vont repousser, l'Union européenne va payer la reconstruction et on tournera la page du conflit syrien."
(Marine Pennetier et John Irish, édité par Yves Clarisse)