NATIONS UNIES/PARIS (Reuters) - La France a présenté vendredi au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution "humanitaire" sur Alep, en Syrie.
L'ambassadeur français à l'Onu, François Delattre, a exposé les grandes lignes de ce texte visant à garantir que l'évacuation d'Alep soit coordonnée par des observateurs internationaux, que l'aide humanitaire puisse être délivrée dans la ville et que les hôpitaux soient protégés.
Samantha Power, l'ambassadrice des Etats-Unis, a déclaré que les négociations sur le texte débuteraient vendredi. "Nous espérons un vote au cours du week-end au moins, en raison de l'extrême urgence", a-t-elle déclaré.
L'évacuation des derniers combattants encore présents dans les réduits d'Alep-Est a été suspendue vendredi, la milice chiite du Hezbollah proche de l'Iran exigeant que des blessés soient au préalable autorisés à quitter deux villages assiégés par les rebelles dans le nord de la Syrie.
L'ambassadeur russe à l'Onu, Vitali Tchourkine, a déclaré, sans avoir eu encore connaissance du projet français, que la Russie avait déjà mis en oeuvre tout ce que la résolution exige.
"Maintenant la France débarque et (...) montre la façon dont les choses doivent se passer sur le terrain", a-t-il dit. "S'il s'agit d'une initiative raisonnable, et nous verrons cela sur le papier, pourquoi ne pas recevoir cette initiative?"
Tchourkine a souhaité une plus grande implication des agences des Nations unies à Alep mais refusé l'idée de déployer des observateurs de l'Onu car cela "prendrait des semaines" alors que le Comité international de la Croix-Rouge est déjà sur place.
Pour Delattre et Power, les Nations unies ont déjà suffisamment de personnels et de ressources en Syrie pour un déploiement rapide.
"Le problème est que le régime (syrien), la Russie, l'Iran et les milices qu'ils soutiennent empêchent les personnels de l'Onu d'avoir accès aux civils et d'être présents sur les sites où les habitants d'Alep-Est passent dans un autre territoire", a déclaré la représentante permanente des Etats-Unis à l'Onu.
La Russie a opposé son veto à six résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu sur la Syrie depuis le début du conflit dans le pays en 2011.
En l'absence d'un consensus au sein du Conseil de sécurité, François Delattre a déclaré que la France demanderait une séance extraodinaire d'urgence de l'Assemblée générale de l'Onu.
En vertu d'une résolution de 1950, une session extraordinaire d'urgence peut être convoquée par une majorité de pays de l'Assemblée générale ou par neuf membres du Conseil de sécurité, afin d'examiner une question "avec l'objectif de formuler aux membres des recommandations appropriées en vue de mesures collectives", en cas d'inaction du Conseil de sécurité.
(Michelle Nichols, John Irish; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)