par Tangi Salaün et John Irish
PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a salué lundi la mémoire de "treize enfants de France" lors de la cérémonie d'hommage national aux soldats tués il y a une semaine au Mali dans la collision de deux hélicoptères pendant une opération contre un groupe djihadiste.
"Treize de nos plus valeureux soldats, treize enfants de France (sont) morts pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous", a déclaré le chef de l'Etat dans son éloge funèbre, aux Invalides.
Après avoir assisté au défilé des cercueils drapés de bleu-blanc-rouge, Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé à ces "13 destins français, 13 visages, 13 vies données, 13 hommes que la fraternité des combats et des entraînements (...) avait rapprochés et que la mort, à jamais, a unis".
"Tous les autres poursuivent le combat au Sahel. Je redis à tous et à leurs chefs ma confiance. Nous pensons à eux au moment où leur mission continue, sans trêve aucune.(...) Ils se tiennent debout aux côtés des armées du Sahel qui elles aussi, paient le prix du sang."
Parmi les 2.500 personnes présentes dans la cour d'honneur des Invalides, dont un millier d'anonymes et des collégiens venus notamment de Pau, base du 5e régiment d'hélicoptères de combat durement endeuillé, figurait le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Critiqué dans son pays pour ce déplacement, alors qu'il n'avait pas assisté le mois dernier à une cérémonie d'hommage à 30 soldats maliens tués dans la même région que les soldats français, IBK a justifié sa venue à Paris en expliquant qu'il n'y a "aucune raison de mordre la main de ceux qui nous tendent les leurs aujourd'hui".
"RASSEMBLER LA NATION"
Évitant toute allusion à la situation géopolitique et aux critiques visant l'intervention française au Sahel pour mieux "rassembler la nation", Emmanuel Macron a remis les palmes de chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume aux soldats tués en pourchassant des combattants présumés du groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).
Leurs cercueils, rapatriés dimanche après une cérémonie à Gao, principale base de la force Barkhane au Mali, ont été portés dans la cour des Invalides par leurs frères d'armes des chasseurs alpins et de l'Aviation légère de l'armée de Terre, accompagnés par la sonnerie aux morts.
Le décès des 13 soldats est la perte la plus lourde essuyée par l'armée française en une seule journée depuis l'attentat contre l'immeuble du Drakkar qui avait coûté la vie à 58 parachutistes à Beyrouth en 1983.
Il illustre la difficulté des 4.500 militaires français à rétablir la sécurité au Sahel, plus de six ans après avoir chassé les djihadistes des villes du nord du Mali dont ils s'étaient emparés, ainsi que le relatif isolement de Paris dans ce combat.
Alors que le chef d'état-major des Armées, le général François Lecointre, a souligné que la France ne verrait sans doute jamais "le moment où la guerre est enfin gagnée", Emmanuel Macron a déclaré la semaine dernière que "toutes les options stratégiques" étaient à l'étude, et appelé - sans grand succès dans l'immédiat - à "une plus grande implication des alliés".
Lundi matin, des centaines de personnes s'étaient rassemblées sur le pont Alexandre III et l'esplanade des Invalides au passage du convoi funéraire.
"On oublie trop souvent le sacrifice de ces gens", a déclaré Alban, lui-même frère d'un militaire, à Reuters. "C'est grâce à leur dévouement qu'on est un pays libre. C'est pour nous qu'ils sont morts. A ce titre-là, ça nous marque autant que la mort d'un proche."
(Avec Noémie Olive, édité par Sophie Louet)