PARIS (Reuters) - La France est l'un des pays de l'OCDE où le niveau des élèves dépend le plus de l'origine sociale, selon les résultats de l'enquête Pisa publiés mardi.
Les performances pures des élèves français âgés de 15 ans se situent très légèrement au-dessus de la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques, selon cette étude réalisée tous les trois ans.
Ainsi les adolescents français se classent-ils à peu près au même niveau que les Allemands, les Tchèques, les Portugais ou les Belges en compréhension de l'écrit, le domaine scruté avec le plus d'attention cette année par les analystes de l'OCDE.
Mais le pays peine à lutter contre les inégalités, comme le relève systématiquement le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), un phénomène qui touche également la Hongrie, la Slovaquie, la Belgique ou, dans une proportion encore plus nette encore, Luxembourg et Israël.
Concrètement, les élèves français issus de milieux défavorisés enregistrent en moyenne de moins bons résultats que les élèves favorisés et ils ont cinq fois plus de risques d'être en difficulté.
Environ 20% des élèves favorisés se classent par ailleurs parmi les élèves considérés comme très performants en compréhension de l'écrit, contre seulement 2,4% des élèves défavorisés.
"Les inégalités ne se sont pas aggravées depuis 2009 mais malgré tout le niveau est toujours très inquiétant", observe Eric Charbonnier, analyste à la Direction de l'Education de l'OCDE. "Agir contre les inégalités doit être une priorité et continuer à être une priorité pour le gouvernement."
Depuis 2012, les deux majorités successives ont commencé à prendre la mesure du problème - le gouvernement Philippe a par exemple décidé de dédoubler les classes de CP et CE1 dans les zones les plus en difficulté - mais il faudra plusieurs années avant que ces mesures ne se traduisent dans les enquêtes Pisa.
L'Estonie, meilleure élève en la matière, le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, notamment, font mieux que la France face aux inégalités.
Le ministre français de l'Education nationale déclare mardi au Figaro que les enseignements de Pisa 2018 incitent au "rebond".
"Nos programmes scolaires ne sont pas en cause. Nos meilleurs élèves sont dans une bonne moyenne internationale. En revanche, les élèves les plus fragiles sont nettement moins bons que la moyenne internationale", relève Jean-Michel Blanquer.
"C’est sur ces 20 à 30% d’élèves les plus fragiles que nous devons concentrer de grands efforts. Par l’éducation, nous répondons à bien des problèmes sociaux de la France qui se concentrent sur certains élèves, notamment dans la France périphérique et dans certaines banlieues de nos grandes villes", ajoute-t-il.
(Simon Carraud, édité par Sophie Louet)