PARIS (Reuters) - (Répétition: précise dès le lead que Parly évoquait les populations civiles, comme elle le dit dans le 3e paragraphe.)
Les armes "récemment" vendues par la France à l'Arabie saoudite n'ont pas été utilisées contre les populations civiles dans la guerre contre les milices chiites houties du Yémen, a déclaré mardi la ministre française des Armées, Florence Parly.
"Nous avons vendu il y a longtemps des armes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis", a dit à BFM TV Florence Parly, selon qui les armes en question ont été "vendues il y a plus de 20 ans" à ces pays.
"A ma connaissance, les armes qui ont été vendues récemment ne sont pas utilisées contre les populations civiles", a ajouté la ministre française des Armées.
Une coalition régionale conduite par l'Arabie saoudite est engagée depuis trois ans dans cette guerre contre les Houthis, qui a fait plus de 10.000 morts, déplacé plus de trois millions de personnes et plongé le Yémen au bord de la famine.
Les organisations de défense des droits de l'Homme accusent des pays occidentaux dont la France de contribuer à la crise humanitaire au Yémen en vendant à l'Arabie saoudite et à ses alliés arabes des armes utilisées dans cette guerre.
Selon le cabinet d'avocats Ancile, mandaté par plusieurs ONG, la France s'expose à un risque juridique "élevé" en livrant à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis (EAU) du matériel militaire dont l'utilisation au Yémen est susceptible de violer le droit international humanitaire.
Pour Florence Parly, la France n'était qu'un fournisseur "parmi bien d'autres" de cette coalition arabe. "La France est un fournisseur modeste de l’Arabie saoudite", a-t-elle ajouté.
Elle a assuré qu'il n'y avait pas de négociations en cours avec l’Arabie Saoudite sur des ventes d'armes et dit ne pas savoir si des contrats d'armement seraient signés lors d'une prochaine visite d'Emmanuel Macron dans le royaume wahhabite.
GUERRE SANS ISSUE
La question des ventes d'armes à ce pays a rebondi avec le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans l'enceinte du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre, meurtre dont le parquet saoudien a reconnu qu'il avait été prémédité.
La chancelière Angela Merkel a promis à la suite de cette affaire de suspendre les ventes d'armes allemandes à Ryad.
Emmanuel Macron a en revanche refusé de lier les ventes d'armes françaises à la mort du journaliste, qui critiquait notamment la guerre menée au Yémen par son pays sous la houlette du prince héritier Mohamed Ben Salman, qui dirige de fait le royaume, parlant de "pure démagogie".
Florence Parly a également refusé de faire le lien et invoqué des raisons géopolitiques de sécurité et de souveraineté européenne pour justifier ces ventes d'armes.
"Nous sommes engagés avec d'autres dans la lutte contre le terrorisme", a dit la ministre des Armées. "Nous vendons des armes à des partenaires qui sont engagés comme nous dans la lutte contre le terrorisme et avec lesquels nous partageons un certain nombre d'objectifs stratégiques, pour lesquels nous avons des intérêts communs."
"Lorsque nous vendons des armes nous permettons aussi à nos industries de défense et à notre base technologique, industrielle, non seulement française mais européenne, d'être moins dépendante d'autres pays", a-t-elle ajouté.
Florence Parly a au demeurant estimé que la guerre menée au Yémen par l'Arabie saoudite et ses alliés arabes était sans issue et devait s'arrêter au plus vite.
"Il est plus que temps que cette guerre cesse et il est important aussi, c'est même la priorité de la France (...) que l'aide humanitaire puisse passer", a-t-elle déclaré.
(Emmanuel Jarry, avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)