KARLSRUHE, Allemagne (Reuters) - Le système judiciaire allemand a de plus en plus de mal à gérer le retour de djihadistes présumés revenant de Syrie et la vitesse de la radicalisation de jeunes musulmans, a déclaré jeudi le procureur général d'Allemagne Harald Range.
Ses services enquêtent actuellement sur 46 dossiers parmi les plus sérieux qui impliquent 83 personnes soupçonnées de délits, celui d'appartenir à l'Etat islamique ou Al Qaïda par exemple, a-t-il déclaré. Les parquets des Länder sont eux chargés d'une centaine d'affaires supplémentaires.
A titre de comparaison, la justice allemande avait en 2013 cinq dossiers à gérer concernant huit individus.
"Nos capacités ont atteint leurs limites", a dit Harald Range, ajoutant constater une explosion du nombre de dossiers et que l'Allemagne était dans "la ligne de mire de la terreur djihadiste".
"Ce qui m'inquiète, c'est la vitesse à laquelle certains se radicalisent ou sont radicalisés. Nous sommes face à un phénomène qui a besoin d'une importante stratégie de prévention."
Comme en Grande-Bretagne, en France et dans d'autres pays occidentaux, les services de sécurité allemands s'alarment du nombre de personnes qui quittent le territoire pour rejoindre des groupes islamistes et qui sont susceptibles de revenir et de préparer des attentats.
Une juridiction de Francfort a condamné la semaine dernière un djihadiste qui a grandi en Allemagne à une peine de près de quatre ans de prison après qu'il eut avoué avoir rejoint l'Etat islamique en Syrie.
Dans un autre dossier, un Libanais est actuellement jugé à Stuttgart après que ce dernier eut lui aussi admis avoir rejoint les rangs de l'organisation islamiste en Syrie avant de revenir en Allemagne pour y acquérir des équipements militaires et des fournitures médicales pour le compte de l'Etat islamique.
Selon les services de sécurité allemands environ 550 personnes ont quitté l'Allemagne pour la Syrie ou l'Irak, une soixantaine d'entre eux y ont trouvé la mort et 180 seraient revenus.
"Pourquoi sont-ils si nombreux à partir ?" s'est interrogé Harald Range. "Nous en savons encore trop peu sur leurs motivations, mais nous en apprenons davantage à chaque dossier."
(Norbert Demuth,; Nicolas Delame pour le service français)