par Jessie Pang et James Pomfret
HONG KONG (Reuters) - La police de Hong Kong encerclait lundi l'université Polytechnique, théâtre de nouveaux affrontements avec des manifestants retranchés dans ce lieu devenu l'un des points névralgiques de la contestation.
De nombreuses personnes ont tenté de quitter les lieux mais se sont heurtées aux forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, de lanceurs de balles en caoutchouc et dressé leurs propres barricades.
Certains manifestants ont été interpellés manu militari en tentant de fuir le campus, d'autres ont fait marche arrière face aux policiers qui les ont repoussés.
"Les policiers n'ont peut-être pas fait irruption dans le campus mais il semble qu'ils cherchent à arrêter les gens qui essaient de partir", selon Hui Chi-fung, parlementaire du Parti démocratique de Hong Kong, qui s'est exprimé à Reuters.
"Il n'y a pas de quoi être optimiste. Ils pourraient arrêter tout le monde sur le campus. Des parlementaires et des responsables de l'université ont tenté d'établir un contact avec la police, mais sans succès", a-t-il ajouté.
Les forces de l'ordre ont dans un premier temps exhorté les manifestants à "déposer leurs armes et quitter les lieux" avant d'ériger des barricades autour du site.
"Nous sommes pris au piège depuis trop longtemps, il faut que tous les Hongkongais sachent que nous avons besoin d'aide", a déclaré Dan, un manifestant âgé de 19 ans, en larmes. "Je ne sais pas combien de temps on pourra tenir comme ça."
Des heurts ont également eu lieu dans la zone commerçante de Nathan Road, non loin de là, où les manifestants ont bloqué la circulation et contraint les commerces à baisser le rideau.
Trente-huit personnes ont été blessées dans la nuit de dimanche à lundi, a déclaré l'administration hospitalière. Des journalistes de Reuters ont constaté que des manifestants souffraient de brûlures après avoir été aspergés de produits chimiques lancés par la police via des canons à eau.
LOI D'URGENCE INCONSTITUTIONNELLE
La police a déclaré avoir tiré à trois reprises à balles réelles lorsque des "émeutiers" ont attaqué deux officiers qui essayaient d'arrêter une femme. Aucun blessé n'est à déplorer dans l'incident, a-t-elle ajouté, précisant que la femme s'était échappée.
Plus tôt dans la journée, la police avait prévenu qu'elle était disposée à riposter à balles réelles si les "émeutiers" utilisaient des armes létales et commettaient de nouvelles violences, laissant craindre une nouvelle escalade depuis le début du mouvement de contestation voilà plusieurs mois.
La Haute cour de Hong Kong a jugé lundi que la loi d'urgence rétablie par l'exécutif local pour interdire le port du masque lors des manifestations était anticonstitutionnelle.
A Washington, un haut représentant de l'administration Trump a déclaré que les Etats-Unis condamnaient "le recours injustifié à la force" à Hong Kong et appelaient Pékin à protéger la liberté de la région administrative spéciale.
Le tunnel reliant la péninsule de Kowloon à l'île de Hong Kong, l'un des principaux axes routiers de la ville, est resté fermé après avoir été bloqué par les manifestants durant la quasi-totalité de la semaine écoulée. Une passerelle menant au tunnel a été incendiée.
Hong Kong est depuis plus de cinq mois secouée par un mouvement de contestation dénonçant l'influence exercée par la Chine sur les affaires du territoire et réclamant le respect de principes démocratiques.
(avec Josh Smith, Marius Zaharia, Anne Marie Roantree, Twinnie Siu, Simon Gardner, James Pomfret et Jessie Pang, Susan Cornwell à Washington; Jean Terzian pour le service français)