NATIONS UNIES (Reuters) - La stratégie de la communauté internationale face au programme nucléaire iranien ne peut se réduire à une politique de sanctions, a déclaré mercredi Emmanuel Macron à l'heure où Washington s'apprête à prendre de nouvelles mesures contre le régime de Téhéran, bête noire de Donald Trump.
"Nous devons bâtir ensemble une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise qui ne peut se réduire à une politique de sanctions et de containment", a dit le chef de l'Etat français lors d'une réunion consacrée à la non-prolifération nucléaire au Conseil de sécurité des Nations unies.
Le président américain a annoncé en mai son retrait du JCPOA (Plan d'action global conjoint), un texte conclu en juillet 2015 après d'intenses tractations et qui a mis en place un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions contre Téhéran.
Depuis la France, épaulée par l'Allemagne et le Royaume-Uni, tente de convaincre l'Iran de rester dans le cadre de cet accord - conclu entre l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Union européenne - et de prendre en compte d'autres questions (balistique, activité militaire de l'Iran...) afin de répondre aux préoccupations américaines notamment.
"Les trajectoires des Etats signataires du plan JCPOA ont divergé", a souligné Emmanuel Macron. "Pourtant nous conservons tous autour de cette table, j'en suis convaincu, le même objectif : empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et garantir par un strict contrôle international la finalité pacifique de son programme".
"Le JCPOA est imparfait mais il est un pas déterminant dans cette direction", a-t-il ajouté. "Alors qu'une grave crise de confiance a été ouverte par la réimposition de sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires."
"Cette situation doit être confortée par un respect de toutes les dispositions du JCPOA et de la résolution qui l'endosse et qui vaut pour tous les membres du Conseil de sécurité de l'Onu, et pas seulement pour la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni", a estimé Emmanuel Macron, visant explicitement Washington.
Le président français a noté que contrairement à la Corée du Nord, l'Iran n'était pas dirigé par un dictateur et que des éléments radicaux étaient déterminés à tuer l'accord de 2015.
Le principal risque de la stratégie de pression est d'inciter l'Iran à redémarrer ses activités nucléaires, a ajouté Emmanuel Macron.
"Tant que l'accord sert nos intérêts, nous resterons dans ce pacte", a répété le président iranien Hassan Rohani à des journalistes à New York. "Les membres qui restent partie prenante de l'accord ont pris de très bonnes mesures pour avancer, mais l'Iran a des attentes plus élevées."
L'Union européenne a annoncé lundi qu'elle allait mettre en place une entité légale destinée à permettre à l'Iran et ses partenaires commerciaux de poursuivre leurs échanges malgré les sanctions américaines.
Federica Mogherini, la porte-parole de la diplomatie européenne, a précisé que cette entité pourrait être mise en place "avant novembre", alors que le prochain volet des sanctions américaines, celles portant sur le pétrole iranien, doit justement entrer en vigueur ce mois-là.
"Aucun pays ou organisation souverain ne peut accepter que quelqu'un d'autre décide avec qui vous êtes autorisés à commercer", a ajouté la Haute Représentante pour la politique extérieure, par allusion aux menaces américaines.
(John Irish aux Nations unies, Marine Pennetier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)