ANKARA (Reuters) - La Turquie a entamé lundi son programme de renvoi des activistes étrangers du groupe Etat islamique (EI) détenus sur son sol avec l'expulsion d'un Américain et d'un Allemand, onze Français devant suivre dans les prochains jours.
Le porte-parole du ministère turc de l'Intérieur, Ismail Catakli, a déclaré que 25 combattants présumés faisaient pour l'heure l'objet d'une procédure d'expulsion, sans préciser s'ils étaient renvoyés dans leur pays d'origine comme Ankara s'y est engagé.
Un Américain et un Allemand ont été expulsés, a-t-il dit, sans indiquer leur destination.
Vingt-trois suivront dans les prochains jours : un Danois qui devait être expulsé lundi, ainsi que deux Irlandais, neuf Allemands et onze Français.
"Les travaux d'identification des nationalités des combattants étrangers capturés en Syrie sont terminés, 90% d'entre eux ont été interrogés et les pays concernés avisés", a dit le porte-parole, cité par l'agence Anadolu.
"Le processus de rapatriement des combattants étrangers dans leur pays d'origine (même ceux déchus de leur nationalité-NDLR) va se poursuivre avec détermination", a-t-il ajouté.
La chaîne de télévision publique TRT Haber rapporte que l'Etat turc entend rapatrier quelque 2.500 activistes, dont une majorité vers des pays de l'Union européenne, et que 813 djihadistes présumés sont actuellement en attente d'expulsion dans 12 centres de rétention.
Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que 1.201 activistes de l'EI étaient détenus dans les prisons turques et que la Turquie en avait capturé 287 en Syrie lors de son offensive militaire contre les milices kurdes dans le nord-est du pays.
PROTOCOLE FRANCO-TURC
Ankara critique de longue date le refus de ses alliés européens, dont la France, de prendre en charge leurs ressortissants partis se battre en zone irako-syrienne.
La ministre française des Armées, Florence Parly, avait déclaré lundi matin sur France Inter ne pas avoir connaissance "au moment où l'on se parle d'un retour précis de terroristes de la part de la Turquie."
"Nous avons un protocole avec la Turquie, le protocole Cazeneuve, qui permet, lorsque des situations de ce type surviennent, de rapatrier vers la France des terroristes", a-t-elle rappelé.
Interrogé à ce sujet, le ministère français des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire. Le ministre de l'Intérieur n'était pas joignable.
Une soixantaine de combattants français de l'EI étaient détenus dans le Nord-Est syrien, sous le contrôle des Kurdes, avant l'offensive turque du 9 octobre, selon des sources diplomatiques. En incluant les familles, les ressortissants français seraient au nombre de 400 à 500, selon les mêmes sources.
Le protocole Cazeneuve, du nom du ministre de l'Intérieur d'alors, a été conclu en 2014 entre la France et la Turquie pour encadrer les expulsions de djihadistes français et/ou de leurs familles. Les autorités françaises sont averties en amont et les personnes expulsées escortées par des policiers français à bord de lignes régulières.
A Berlin, le ministère des Affaires étrangères a dit avoir été informé par Ankara de l'expulsion de dix ressortissants allemands - trois hommes, cinq femmes, deux enfants. Sept sont attendus jeudi en Allemagne, deux vendredi.
Le parquet danois a confirmé pour sa part être en contact avec les autorités turques au sujet d'un ressortissant du Danemark condamné pour terrorisme en Turquie.
(Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu, Rédaction de Paris pour la version française)