ISTANBUL (Reuters) - Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a dénoncé jeudi les propos d'Emmanuel Macron sur l'offensive de la Turquie dans le nord de la Syrie, accusant le président français de soutenir le terrorisme.
"Il est déjà le parrain d'une organisation terroriste qu'il reçoit constamment à l'Elysée. S'il dit que son allié est l'organisation terroriste (...) il n'y a vraiment rien à ajouter", a dit Mevlut Cavusoglu à la presse, au Parlement.
"Il y a actuellement un vide en Europe, et [Macron] essaye de prendre le leadership, mais le leadership vient naturellement", a-t-il ajouté.
La Turquie a lancé le 9 octobre une offensive dans le nord de la Syrie dirigée contre les Kurdes des YPG, un mouvement qualifié d'organisation terroriste par Ankara.
Emmanuel Macron a reçu le même jour à Paris Jihane Ahmed, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG sont une composante importante, pour lui témoigner de la solidarité de la France dans la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI ou Daech).
Le président français a reproché jeudi à la Turquie d'avoir mis ses alliés devant "le fait accompli".
"Je respecte les intérêts de sécurité de notre allié turc qui a eu à subir de très nombreuses attaques terroristes sur son sol, mais on ne peut pas dire d'un côté que nous sommes alliés et exiger à cet égard de la solidarité et de l'autre mettre ses alliés devant le fait accompli d'une intervention militaire qui met en péril l'action de la coalition contre Daech", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Paris avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.
Pour Mevlut Cavusoglu, "Macron ne peut pas être le leader de l'Europe en tremblant de la sorte".
(Tuvan Gumrukcu et Ali Kucukgocmen; version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)