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La victoire de Syriza, trompe-l'oeil grec de la gauche française

Publié le 26/01/2015 16:03
© Reuters. UNE DÉCLINAISON FRANÇAISE DE LA VICTOIRE DE SYRIZA EN GRÈCE PEU PROBABLE

par Gregory Blachier

PARIS (Reuters) - La victoire de Syriza en Grèce a suscité l'enthousiasme d'une gauche française qui se prend à rêver d'un élan anti-austérité mais qui, divisée, aura du mal à importer ce succès avec lequel François Hollande va devoir jongler pour en tirer parti.

Sitôt assurée la victoire aux élections législatives de la formation emmenée par Alexis Tspiras, socialistes, écologistes, Front de gauche et au-delà ont salué un tournant en Europe et ont voulu y voir le signe annonciateur de futures conquêtes.

Dans un élan semblable et paradoxal, compte tenu de leurs oppositions sur la politique de l'offre menée, les tenants de la ligne défendue par l'exécutif et les "frondeurs" du PS ont perçu un même argument pour la réorientation de l'Europe.

Le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, est allé jusqu'à déclarer que Paris soutiendrait Athènes en vue d'une restructuration de sa dette alors que les Européens évoquent au plus un rééchelonnement.

Plus à gauche, les élections grecques ont ravivé une flamme vacillante depuis la déroute aux élections européennes.

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a-t-il souhaité dimanche un "effet domino" et dit espérer l'émergence d'une "nouvelle proposition politique" dès les élections régionales de décembre, tandis que le communiste Pierre Laurent, son allié -et rival- au sein du Front de Gauche, envisage une "sortie solidaire de la crise".

L'écologiste Cécile Duflot, sortie du gouvernement en mars, juge dans Libération que "l'élection grecque ouvre enfin une brèche dans le glacis libéral". "Il est l'heure d'une alternance européenne (...) Elle ne fait que commencer", écrit-elle.

GRÈCE ET FRANCE, TROP DIFFÉRENTES

Les bénéfices d'un effet Syriza restent toutefois plus qu'hypothétiques, parce que les deux pays n'ont que peu en commun, parce que cette gauche est trop divisée et parce que Syriza ne promet pas une révolution.

"La thérapie de choc subie par la Grèce avec ses effets en termes de chômage, de pauvreté, de politique de soins, cette crise économique et sociale, est beaucoup plus intense", tranche d'abord Marc Lazar, directeur du centre d'histoire de Sciences Po et spécialiste des gauches européennes.

"D'autre part, la crise politique que vit la Grèce n'a pas atteint les mêmes proportions en France. Depuis 1974, il y a eu une alternance entre deux partis, Nouvelle démocratie et le Pasok, qui ont accepté cette thérapie de choc, pratiquant le clientélisme et gangrénés par la corruption", dit-il.

Or en France, le rejet des gouvernants mais aussi d'un marché économique ouvert reste l'apanage du Front national.

"Tout le monde l'a vu aux dernières élections et ce sera le cas dans le futur, les difficultés du PS n'ont pas profité à la gauche de la gauche", prévient Stéphane Rozès, président de Cap Consulting.

Aux élections européennes, le FN avait ainsi obtenu 24,86% des voix contre 6,33% au Front de gauche, incapable de faire fructifier les 11,1% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Les scrutins départementaux et régionaux de 2015 n'augurent pas d'une progression dans un système électoral majoritaire à deux tours qui handicape une gauche éclatée et schizophrénique lorsqu'arrive la question de son rapport au PS.

"Le Parti de gauche est favorable à une rupture totale, le PCF non, les Verts non plus. Et il y a la question des leaders. Il y en a beaucoup en France. En Grèce, il y avait seulement Alexis Tsipras", souligne Marc Lazar.

HOLLANDE EN INTERCESSEUR?

Enfin, Alexis Tsipras dit vouloir maintenir son pays dans l'euro, et sa politique de relance des salaires et des dépenses publiques va se confronter à la réalité économique.

Selon Stéphane Rozès, une partie de la gauche française se fourvoie. "Là où les Français donnent crédit à Syriza de vouloir faire une rupture, ce n'est pas le sujet de Syriza. Le sujet de Syriza, c'est d'alléger l'austérité en Grèce", dit-il.

"Syriza va être obligé de négocier (...) pour faire en sorte que le souhaitable soit possible", estime-t-il encore.

Son émergence en Europe pourrait alors accoucher d'un vainqueur inattendu, François Hollande. Un échec de Syriza et sa politique mêlant relance par l'offre et réduction des déficits serait confortée en France.

Un succès de Syriza et le chef de l'Etat serait en position idéale pour poursuivre une entreprise, déjà largement entamée dans la zone euro, de réorientation vers des politiques plus favorables à la croissance, comme en témoignent le plan d'investissements de la Commission ou les rachats d'actifs par la Banque centrale européenne.

Dans Le Parisien, Jean-Christophe Cambadélis, patron du PS, le voit en "intercesseur", capable de "parler aux deux camps", même s'il ne peut oublier que la Grèce doit à la France 42,4 milliards d'euros, à comparer aux 56,5 milliards dûs à Berlin.

A cet égard, les félicitations de François Hollande à Alexis Tsipras forment un exercice d'équilibriste, qui mentionnait à la fois "croissance", "responsabilité" et "stabilité".

"La France et l'Italie, ça les arrange (...) parce que la victoire de Syriza remet au coeur du débat la question de l'austérité, de son coût social", dit Marc Lazar.

"Mais ça les perturbe parce que la position de la France depuis 2013, et de l'Italie, c'est de dire: 'oui, il faut faire des réformes de structure et parce qu'on fait ces réformes, il faut un assouplissement de la politique européenne."

Les qualités d'"homme de la synthèse" parfois décriées lorsqu'il dirigeait le PS pourraient servir François Hollande.

© Reuters. UNE DÉCLINAISON FRANÇAISE DE LA VICTOIRE DE SYRIZA EN GRÈCE PEU PROBABLE

"La France a toujours eu une position intermédiaire entre Europe du Sud et du Nord. François Hollande peut être un pont", juge ainsi Stéphane Rozès.

(Avec Jean-Baptiste Vey et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)

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