PARIS (Reuters) - L'urbaniste Roland Castro a remis à Emmanuel Macron son rapport pour un "Paris en grand", axé sur la mixité des usages et la reconstitution de nouveaux centres de proximité dans une métropole qu'il souhaite portée par des milliers de "villages".
Le texte remis le 31 juillet au chef de l'Etat et rendu public mardi, porte sur un territoire légèrement plus large que la métropole du Grand Paris liant la capitale à 130 communes. Il doit déboucher sur une consultation et des débats publics, notamment avec les élus locaux et la société civile.
A la demande d'Emmanuel Macron, Roland Castro est appelé à "préparer une série de projets importants et un peu emblématiques" en lien avec le préfet de Paris, Michel Cadot, projets sur lesquels le chef de l'Etat rendra sa décision d'ici trois mois.
"Il n'y a rien eu de pensé de sérieux depuis le Front populaire, sauf un nouveau métro. Mais l'inertie de Paris, son rayonnement, son aura de ville-monde se sont maintenus et développés", note l'urbaniste connu pour ses "remodelages" de grands ensembles.
"Venise aussi, la première ville-monde, a mis trois siècles à décliner en ville touristique", ajoute-t-il en préambule du rapport. "Le constat qui m'a traumatisé et guidé ma réflexion est le suivant : plus de la moitié de ceux qui y vivent et y travaillent songent et rêvent d'en partir".
L'architecte défend la création de "promontoires", des "lieux dans lesquels Paris se donne à voir" : le port de Gennevilliers qu'il propose de transformer en zone mixte dotée de logements, le marché de Rungis (idem), ou encore l'autoroute A86 dont il entend faire la "centralité interne de Paris en grand", et plus largement la Seine, facteur d'embellissement sur plus de cent kilomètres.
Pour décupler l'attractivité des territoires, il propose de placer des ministères régaliens aux alentours de Roissy, notamment le Quai d'Orsay à côté de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, l'éducation ou la culture à côté de celui d'Orly.
"Il faut dézoner", estime-t-il, défendant le "mélange des genres", l'effacement de la barrière du périphérique, la création d'échoppes en rez-de-chaussée, l'exploitation des zones inondables en bordure du fleuve.
"Il faut scénariser avant de lancer des projets", plaide-t-il, mettant en garde contre l'exemple historique de la Défense ("faire sortir une émergence et par ailleurs, à côté rien"). "C'est à cette condition qu'on arrivera à fabriquer une très grande métropole qui soit aussi une collection de villages."
(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)