par Gilbert Reilhac
STRASBOURG (Reuters) - Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains, veut refonder l'Europe en réconciliant le fédéralisme de Jean Monnet, l'un des pères de la construction européenne, et le souverainisme de Philippe Séguin, chef de file des opposants au traité de Maastricht en 1992.
Favori du scrutin qui se tiendra les 10 et 17 décembre prochains, le président de la région Auvergne-Rhône Alpes, qui fut ministre des Affaires européennes de novembre 2010 à juin 2011, était à Strasbourg jeudi pour dire sa foi en l’Europe mais aussi en dénoncer les travers.
"Je suis un Européen convaincu et je n'ai aucun doute sur l'importance et l'utilité de l'Europe comme prolongement de la souveraineté française", a déclaré lors d'un point de presse au Parlement européen celui qui a été critiqué jusque dans son camp pour ses positions droitières parfois proches du très antieuropéen Front national.
"Mais je ne fais pas partie de ceux qui décident de fermer les yeux sur ce qui ne marche pas", a-t-il ajouté, citant notamment les excès d’un droit de la concurrence qui protège insuffisamment l'économie des Etats.
Prônant "une refondation profonde", il annonce, s'il est élu, un an de débat au sein des Républicains sur le projet qui sera défendu aux élections européennes de 2019.
A travers ses propositions, l'élu de 42 ans entend s'opposer à Emmanuel Macron dont le discours de la Sorbonne sur l'Europe est, selon lui, "un ensemble de poncifs" porteur d'un "fédéralisme européen" qu'il refuse.
Alors que les débats de la dernière élection présidentielle se sont en partie focalisés sur les divergences entre pro et anti-européens de droite et de gauche, Laurent Wauquiez veut "réconcilier les Français".
"Je pense qu'il faut réconcilier Séguin et Monnet, qu'il faut réconcilier les Européens convaincus et les eurosceptiques", affirme-t-il.
L'idée était déjà dans son livre, paru en 2014, "Europe, il faut tout changer".
Il y prônait une refondation autour d'un noyau dur de six à douze Etats, avec une préférence pour six. C'est douze aujourd'hui dans un premier cercle de pays prêts à aller plus loin en matière d’harmonisation fiscale et sociale.
"A 27, ça ne marche plus. Il faut qu'on en tire les conséquences", dit-il.
Autour, un deuxième cercle, celui des dix-neuf membres de la zone euro et un troisième, une "zone de libre-échange" à laquelle le Royaume-Uni pourrait, selon lui, participer.
"Je ne peux pas accepter que tout le monde ait l'air de se féliciter qu'on mette le Royaume-Uni dehors", déclare-t-il en soulignant le poids économique du pays et les 150 années d'alliance avec la France.
Laurent Wauquiez fait en revanche un épouvantail de la perspective d'un élargissement de l’UE aux pays des Balkans occidentaux (Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Kosovo) qu'Emmanuel Macron aurait, selon lui, proposé.
"Cette Union, lorsqu'ils respecteront pleinement l'acquis et les exigences démocratiques, devra s'ouvrir aux pays des Balkans", avait seulement dit le président de la République à la Sorbonne, sachant qu'une majorité d'entre eux est encore loin de répondre aux critères d'une adhésion promise par l’UE à la fin des guerres dans l'ex-Yougoslavie.
"Sur le prochain mandat (du Parlement européen), nous nous opposerons systématiquement à tout élargissement", assure Laurent Wauquiez.
(Edité par Sophie Louet)