MELBOURNE (Reuters) - Le cardinal australien George Pell, 77 ans, trésorier du Vatican et ancien conseiller du pape François, a été jugé coupable de cinq chefs d'accusation d'abus sexuels pour des faits commis sur des mineurs à la fin des années 1990.
Le verdict du jury d'un tribunal de Melbourne, qui s'était prononcé le 11 décembre dernier, a été rendu public mardi après la levée une interdiction de divulgation.
Une audience est prévue mercredi dans le but de déterminer sa sentence, qui devrait être connue début mars.
George Pell, nommé préfet du secrétariat pour l'économie du Vatican par le pape François en 2014 avec la mission de réformer les finances de l'Eglise catholique, est le plus haut responsable catholique à avoir été jugé coupable pour des faits de pédophilie.
George Pell a été reconnu coupable d'abus sexuels commis à la fin des années 1990 sur deux enfants de choeur alors âgés de 13 ans de la cathédrale St. Patrick, à Melbourne. L'une des deux victimes est décédée en 2014.
Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à 50 ans de réclusion. Il nie les faits qui lui sont reprochés. Ses avocats ont fait appel d'une partie de la décision rendue en décembre.
Le Vatican avait annoncé en décembre dernier le remaniement du C9 - le Conseil des cardinaux chargé de conseiller le pape François - pour en retirer notamment George Pell, sans préciser les raisons de cette décision.
Le pape François a confirmé mardi les restrictions imposées au cardinal. George Pell sera privé de tout ministère public et devra n'avoir aucun contact avec des enfants, a indiqué le porte-parole du Vatican, Alessandro Gisotti.
Cette annonce de reconnaissance de culpabilité du prélat intervient deux jours après la conférence inédite qui s'est tenue pendant quatre jours du Vatican sur la lutte contre les abus sexuels au sein de l'Eglise et qui a déçu les victimes.
Prêtre dans des régions rurales de l'Etat de Victoria dans les années 1970 et 1980, George Pell est devenu archevêque de Melbourne en 1996 puis de Sydney en 2001.
Il s'est mis en congé de sa fonction de trésorier du Saint-Siège en 2017 pour pouvoir s'expliquer devant la justice australienne.
Il n'a pas été appelé à la barre durant le procès. Les membres du jury ont visionné en lieu de son témoignage l'enregistrement vidéo d'un interrogatoire mené par la police australienne à Rome en octobre 2016, durant lequel il a catégoriquement rejeté les accusations le visant.
A huis clos, les jurés ont aussi visionné le témoignage de l'une des victimes, qui a demandé mardi à ce que sa vie privée soit respectée.
(Sonali Paul avec Philip Pullella au Vatican; Jean Terzian pour le service français)