par Julie Rimbert
TOULOUSE (Reuters) - Il y aura bien du foie gras sur les tables des fêtes de fin d’année mais en plus petite quantité et plus cher après les épizooties de grippe aviaire qui ont décimé en 2015 et 2016 les élevages français, assurent les producteurs.
La production des canards a repris dans le Sud-Ouest depuis le début de l’été, lorsque la période de vide sanitaire du printemps dernier s'est achevée le 29 mai. Mais de 37 millions de canards en 2015, le cheptel français est passé à 23 millions de têtes en 2017, soit une chute de 38 % en deux ans.
Durant le vide sanitaire, les éleveurs ne pouvaient placer aucun canard dans les bâtiments d'élevages.
Selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), 3.7 millions de canards ont été abattus en raison de la grippe aviaire en 2016, une perte financière estimée à plus de 250 millions d’euros.
"Il y a évidemment une raréfaction de l’offre en France, qui ne sera pas compensée par l’importation d'autres pays européens, comme la Bulgarie et la Hongrie, qui ont eux aussi été touchés par ce virus", précise Marie-Pierre Pé, déléguée du Cifog, détaillant une chute de 45% des importations de foie gras en France au premier trimestre.
"Les prix vont se tendre de plus en plus avant Noël, dans les mêmes proportions que la hausse de l'an dernier, soit plus de 10%", souligne-t-elle à l'heure où les marchés au gras débutent dans le Sud-Ouest.
Il faudra donc du temps pour faire redémarrer totalement la filière et retrouver les prix d’avant les épizooties d’influenza aviaire, et le niveau normal de production sera pas atteint avant plusieurs années.
Pour éviter une nouvelle contamination, les pouvoirs publics, les collectivités locales et les organismes de production ont mis en place de nouvelles normes : capacité de couverture des animaux, sas, bacs d’équarrissage, nouvelles règles de biosécurité des transports comme la mise en place de flottes de camions distinctes pour les canards maigres et les canards gras.
SURVEILLANCE DES EXPLOITATIONS
Traumatisés par les abattages de masse dans les élevages de 1.134 communes, les éleveurs attendent toujours la totalité des indemnisations. L'État a achevé de verser en septembre les fonds liés au premier épisode de grippe aviaire de 2015-16. Pour la crise de l’hiver dernier, seulement 50% des aides ont été touchés, mettant à mal les trésoreries des exploitations.
Si la production reprend lentement, les professionnels craignent toujours un nouvel épisode d’influenza aviaire. Pour éviter de nouveaux abattages, le cluster biosécurité régional d'Agrolandes a conçu un dispositif de surveillance des exploitations, sous forme d’une cartographie couvrant l'Aquitaine, l'Occitanie et une partie des Pays de Loire.
"Il permet d’être réactif en cas de suspicion d’apparition d’un foyer, afin de mettre à l'abri les élevages environnants avant même d'avoir la confirmation par les services sanitaires qu'il s'agit du virus de la grippe aviaire", explique Marc Chazaux, le directeur d’Agrolandes.
"Si un cas est avéré, cela permet d’alerter tous les acteurs de la filière dans ce périmètre géographique, que cela soit les éleveurs, les transporteurs ou tout véhicule susceptible de transmettre le virus", ajoute-t-il.
Quelque 80% des exploitations du grand Sud-Ouest sont déjà recensées pour ce système d'alerte qui sera opérationnel vers la mi-novembre.
La filière foie gras représente quelque 100.000 emplois en France. La zone du Sud-Ouest - Aquitaine, Limousin, Auvergne et Midi-Pyrénées - est à l’origine de 72% de la production française de foie gras.
(Edité par Yves Clarisse)