PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a annoncé lundi, à la satisfaction des chauffeurs de taxi en colère, l'interdiction au 1er janvier de l'application UberPOP, offre payante de transport entre particuliers proposée par la société américaine Uber.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a expliqué que ce serait chose faite avec l'entrée en vigueur de la loi Thévenoud sur la régulation de la concurrence avec les taxis,
À la question "Cette application sera-t-elle interdite à brève échéance?", Pierre-Henry Brandet a répondu "Absolument" sur iTELE, au moment où les taxis ralentissaient les accès à Paris pour dénoncer cette application, qui constitue selon eux une "concurrence déloyale" et n'a pas été interdite en urgence vendredi par le tribunal de commerce.
La mise en relation de particuliers grâce des systèmes comme UberPOP sera passible de deux ans de prison et de 300.000 euros d'amende, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. "Non seulement c'est illégal de se prêter à ce service mais en plus pour le consommateur il y a un véritable danger", a-t-il poursuivi, soulignant que les conducteurs n'avaient pas d'assurance adéquate.
"La loi qui a été votée et portée par le gouvernement de réglementation de la profession de taxi, des VTC (voitures de tourisme avec chauffeur), qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, est encore plus contraignante pour ce genre de sociétés", a encore dit Pierre-Henry Brandet.
LES TAXIS SATISFAITS
Le Premier ministre, Manuel Valls, s'est défendu de prendre parti pour la corporation des taxis. "Nous ne cédons à aucune corporation, nous appliquons la loi", a-t-il dit en marge d'un déplacement, soulignant que les décrets d'application de la loi Thévenoud pourraient être signés dans les prochains jours.
Dans un communiqué, l'Union nationale des taxis (UNT) a dit accueillir "avec beaucoup de satisfaction" les déclarations du gouvernement.
"Face à la situation économique des entreprises françaises, qui plient sous le poids des charges sociales, fiscales et des réglementations de plus en plus contraignantes, il n'était pas concevable que le gouvernement laisse une start-up américaine organiser du travail clandestin en France en toute impunité", écrit dans un communiqué son président, Alain Griset.
La branche française d'Uber a été condamnée en octobre dernier à une amende de 100.000 euros pour "pratiques commerciales trompeuses" pour avoir présenté UberPOP comme du covoiturage. Uber a fait appel de cette décision et continue de proposer ce service.
Le tribunal de commerce de Paris a rejeté vendredi la demande d'interdiction en urgence d'UberPOP, formulée par trois sociétés de VTC concurrentes d'Uber soutenues par des associations de taxis.
Des cortèges de taxis sont partis lundi des aéroports de Roissy et d'Orly en direction de la place Vauban, dans le VIIe arrondissement de la capitale, pour protester contre ce service.
En fin de matinée, le trafic était encore perturbé sur les autoroutes A1 et A6a reliant les aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et Orly à Paris.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)