PARIS (Reuters) - L'épreuve de force entre le gouvernement et les syndicats sur la réforme des retraites se poursuivait vendredi en France dans l'attente d'une relance des négociations sur de possibles aménagements au futur projet de loi, notamment sur le dispositif décrié de "l'âge pivot" pour équilibrer le système.
Les usagers étaient confrontés à un neuvième jour consécutif de grèves dans les transports publics, à la RATP et à la SNCF, où le taux de grévistes était en baisse vendredi (13,3% du personnel, dont 66,8% des conducteurs et 44,4% des contrôleurs).
La CGT-Cheminots, SUD-Rail, Force ouvrière menacent de poursuivre la grève pendant les fêtes de Noël, une attitude jugée "irresponsable" par la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne.
A Bruxelles, où il s'exprimait à l'issue du Conseil européen, Emmanuel Macron est sorti de son silence pour défendre "une réforme historique pour le pays" qui n'est pas "chose budgétaire".
"Je souhaite que le gouvernement poursuive son travail, il est en cours, le Premier ministre a pris plusieurs initiatives en ce sens", a-t-il déclaré, précisant qu'il s'exprimait sur le sujet à Paris quand il le jugerait "opportun".
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a annoncé vendredi sur Radio classique que "des débuts de simulateurs" seraient disponibles la semaine prochaine pour informer les Français sur l'évolution de leur pension avec le futur système universel par points.
Edouard Philippe a appelé jeudi l'ensemble des organisations syndicales pour les convier à de nouvelles discussions à partir de la semaine prochaine, avec l'objectif de rallier la CFDT, désormais dans le camp des opposants.
Le gouvernement se dit ouvert à des alternatives à l'instauration progressive d'un "âge pivot" à 64 ans en 2027 avec un système de bonus-malus afin d'équilibrer financièrement le régime, mesure unanimement rejetée par les syndicats.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a d'ores et déjà décliné l'invitation du chef du gouvernement.
"Nous n'irons pas négocier les réglages d'un projet dont nous avons la conviction qu'il est mortifère, à terme, pour les droits des salariés en matière de retraite", a-t-il dit sur BFM TV.
Après le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui a éteint la colère des policiers en promettant le maintien d'un régime dérogatoire, son collègue de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a commencé vendredi à recevoir les syndicats d'enseignants auxquels des revalorisations salariales ont été promises à partir de 2021.
"C'était une réunion dense et franche, comme nous aurions dû en avoir depuis des mois", mais "il nous manque encore des précisions et nous maintenons notre appel à la mobilisation mardi", a dit à la presse Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa.
L'ensemble des syndicats, dont la CFDT et la CFTC, appelle à une troisième journée de manifestations et de grèves le mardi 17 décembre.
(Marine Pennetier et Sophie Louet, édité par Simon Carraud)