PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste s'apprête à "tirer les conséquences" de l'affaire Thomas Thévenoud, éphémère secrétaire d'Etat au Commerce extérieur écarté du gouvernement de Manuel Valls pour avoir eu des problèmes avec l'administration fiscale.
Le député de Saône-et-Loire, qui a émis le souhait de retrouver sa place à l'Assemblée nationale malgré son éviction du gouvernement jeudi dernier, a été convoqué par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Objet de l'entretien, selon un communiqué du parti : "Tirer les conséquences en tant que député socialiste des révélations sur ses déclarations fiscales".
La rencontre devrait avoir lieu mardi ou mercredi.
Cette affaire, qui a encore assombri une rentrée politique déjà catastrophique pour l'exécutif, est au menu de l'entretien entre François Hollande et Jean-Christophe Cambadélis ce lundi à l'Elysée.
Un rendez-vous prévu de longue date, bien avant la démission de Thomas Thévenoud, a précisé l'entourage du chef de l'Etat.
Bruno Le Roux, "patron" du groupe PS à l'Assemblée nationale, est attendu à l'Elysée en fin d'après-midi.
Comme l'a expliqué le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, "aujourd'hui, rien ne peut factuellement obliger Thomas Thévenoud à démissionner de son poste" de député.
Pour autant, "cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien à faire", dit Juliette Méadel, porte-parole du Parti socialiste.
"Soit il décide par lui-même de démissionner, soit il refuse et l'affaire sera entre les mains du groupe socialiste qui peut l'accepter ou pas en son sein", a-t-elle expliqué à Reuters.
A titre personnel, l'élue locale estime que le PS "n'a pas vocation à accueillir des gens qui ne paient pas leurs impôts".
Avec 290 députés, le PS ne dispose que d'une voix de plus que le seuil requis pour atteindre la majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui est de 289 élus.
Une démission de Thomas Thévenoud, qui n'est resté que quelques jours au gouvernement, entraînerait une législative partielle à haut risque dans les circonstances actuelles.
L'élu de 40 ans, qui participa à la commission d'enquête sur Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre du Budget soupçonné d'évasion fiscale, a expliqué avoir omis de déclarer ses revenus durant plusieurs années.
Il a précisé avoir régularisé sa situation, déclarant avoir agi par "négligence" mais pas par "malhonnêteté".
Au lendemain de l'éclatement de cette affaire, Manuel Valls a fait vendredi en Seine-Saint-Denis un plaidoyer pour la morale et l'exemplarité en politique.
Lundi sur RTL, l'ancien ministre UMP Luc Chatel s'est étonné "qu'il y ait des règles éthiques différentes pour être ministre et parlementaire".
"Si M. Thévenoud veut retourner devant l'Assemblée nationale, qu'il ait la dignité de retourner devant ses électeurs", a-t-il estimé.
(Elizabeth Pineau, avec Grégory Blachier, édité par Yves Clarisse)