PARIS (Reuters) - L'auteure franco-marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 pour son roman "Chanson douce" et figure montante de la littérature, a été nommée lundi représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la Francophonie.
La romancière de 36 ans, qui a été reçue par le chef de l'Etat, "représentera la France au Conseil permanent de la Francophonie", a précisé l'Elysée dans un communiqué.
Elle sera chargée de représenter une "politique francophone ouverte centrée sur des projets concrets liés" à l’éducation, la culture, l’égalité femmes-hommes, l’insertion professionnelle et la mobilité des jeunes, la lutte contre le dérèglement climatique et le développement du numérique.
"J’ai le sentiment que la francophonie est mal comprise, que c’est un concept qui peut être considéré par beaucoup comme un peu poussiéreux alors qu’en réalité, c’est une réalité très, très vivace, vivante", a réagi l'écrivaine sur RTL, précisant que sa mission était "bénévole".
Leïla Slimani avait appelé pendant la campagne présidentielle à voter pour Emmanuel Macron afin de "contrer Marine Le Pen" mais également "par adhésion" aux idées du candidat dont elle louait "la jeunesse" et "la modernité".
Un temps pressentie pour prendre la tête du ministère de la Culture - elle n'a jamais formellement démenti avoir été approchée par l'Elysée -, elle avait par la suite été aperçue au sein de la délégation présidentielle lors de la visite du chef de l'Etat au Maroc en juin.
Inconnue du grand public avant de recevoir le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone l'année dernière, la romancière s'est depuis imposée comme une voix de la littérature contemporaine.
Après avoir abordé le thème de l'addiction sexuelle dans son premier roman "Dans le jardin de l'ogre", l'ancienne journaliste à Jeune Afrique a publié début septembre "Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc", un recueil de témoignages de femmes.
"Etre un homme au Maroc, c'est très compliqué, et être une femme, c’est compliqué puissance dix", expliquait-elle dans un entretien à Elle en août 2016. "Il y a une intrusion constante des autorités dans l’intimité des femmes, une immense confusion entre vie privée et vie publique".
Sa nomination s'inscrit dans la volonté affichée par Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat d'ouverture à des personnalités de la société civile.
Il a notamment nommé ces derniers mois l'animateur Stéphane Bern "Monsieur Patrimoine" et la championne olympique d'escrime Laura Flessel ministre des Sports.
Pour le chef de l'Etat, le potentiel de la francophonie "est immense". S'exprimant début octobre devant l’Assemblée des Français de l’étranger, il a annoncé qu'il recevrait intellectuels, universitaires, artistes et entreprises afin de mettre sur pied une stratégie.
Un plan d'ensemble "pour la promotion de la langue française et du plurilinguisme dans le monde" sera présenté en 2018.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)