PARIS (Reuters) - La disparition prochaine du secrétariat général à l'aide aux victimes (SGAV) suscite l'incompréhension des associations qui dénoncent un retour en arrière et en appellent à Emmanuel Macron, à deux jours du second tour des élections législatives.
Créé en février dernier par la secrétaire d'Etat en charge de l'aide aux victimes Juliette Méadel et rattaché à Matignon, le SGAV devait devenir une administration pérenne destinée à toutes les victimes, aussi bien d'attentats que d'intempéries.
Mais le changement de président et de gouvernement a, semble-t-il, changé la donne.
"La décision politique a été prise par le nouveau gouvernement de confier l'aide et l'accompagnement des victimes au ministre de la justice", dit-on dans l'entourage de François Bayrou.
La chancellerie étant dotée depuis plusieurs années de son propre service d'aide aux victimes, le Sadjav, la décision a été prise de fusionner les deux entités, ajoute-t-on, au grand dam des associations.
"Pourquoi changer un dispositif qui a montré son utilité et son efficacité ?" s'interroge Stéphane Gicquel, secrétaire général de la fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac).
"Est-ce qu'il y a des jeux de pouvoirs ? Est-ce que l'idée est de faire des économies ?", ajoute-t-il.
Sur Twitter, la décision du gouvernement a fait l'objet de vives critiques de la part de victimes des attentats djihadistes survenus ces deux dernières années sur le sol français.
Le rapporteur du projet de loi de lutte contre le terrorisme Sébastien Pietrasanta a quant à lui dénoncé "une énorme erreur" et un "très mauvais signal".
UN HAUT COMMISSAIRE ?
Un sentiment partagé par des associations de victimes reçues cette semaine par François Bayrou, dont "Life for Paris" qui a écrit après cet entretien une lettre ouverte au chef de l'Etat.
"Nous demandons à l'Etat de mettre en place un Haut commissaire à l'aide aux victimes pour permettre la coordination des différents ministères et d'offrir un interlocuteur unique dédié aux victimes", écrit cette association.
L'Elysée n'était pas joignable dans l'immédiat. Mais le ministère de la Justice insiste pour sa part sur l'intérêt de la fusion des deux instances en termes d'efficacité.
"Au lieu d'avoir deux structures traitant du même sujet, l'idée est n'en avoir qu'une avec un budget plus conséquent et une équipe plus importante", dit l'entourage du ministre.
Il fait aussi valoir que le SGAV, contrairement au Sadjav, n'a pas de budget (selon le ministère, le budget du Sadjav est aujourd'hui de 26 millions d'euros).
La nouvelle instance de pilotage réunira les deux instances et intègrera les effectifs du SGAV (huit postes), ce qui portera le nombre total à 24 postes, sans compter les éléments de support fournis par le ministère, ajoute-t-on de même source.
"On aura une politique d'aide aux victimes mieux articulée entre l'opérationnel et le stratégique, résolument interministérielle", souligne-t-on de même source, assurant que l'aide aux victimes "est en tête des priorités du ministre".
Des arguments qui, pour l'heure, ne convainquent cependant pas tout le monde.
"Les arguments de la justice, c'est qu'il y aura autant de moyens mais la question est aussi celle de l'efficacité et du service public, interministériel, décliné dans les territoires dans chaque préfecture", souligne-t-on de source proche des créateurs du secrétariat à l'aide aux victimes.
François Bayrou recevra d'autres associations dans les 15 jours à venir et réunira "très prochainement" le secrétariat du Comité interministériel de l'aide aux victimes (CIAV), qui ne s'est jusqu'ici jamais tenu, dit-on dans son entourage.
(Marine Pennetier, Elizabeth Pineau et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)