PARIS (Reuters) - Les "excès" de la Turquie en Libye et en Méditerranée orientale posent un défi stratégique qui va au-delà d'une simple "querelle franco-turque", a déclaré mercredi une source à la présidence française sur fond de crispations diplomatiques entre Paris et Ankara sur le dossier libyen.
"On n'est pas dans une querelle franco-turque, on a là un véritable défi stratégique qui est posé et qui tient aux excès du président (Recep Tayyip) Erdogan en Libye mais aussi en Méditerranée orientale", a dit cette source.
Ces "excès" turcs, énumère-t-elle, s'observent "dans les activités d'exploitation et d'exploration gazières et pétrolières, dans la définition de zones économiques de manière non conforme à la convention de Montego Bay, sur la question des (missiles russes) S-400 au sein de l'Alliance atlantique, sur la contradiction du jeu mené en Syrie dans le nord-est et dans le nord-ouest et une prise de risque en Libye".
"Il n'y a pas de difficulté avec la Turquie, Emmanuel Macron sait que la Turquie est un acteur majeur de toutes ces crises; il y a une difficulté avec les excès aujourd'hui du président Erdogan et les excès de son appareil à notre égard", a ajouté cette source, évoquant le récent "incident maritime" qui a opposé le 10 juin dernier une frégate de la Marine française à des bâtiments de la Marine turque.
"Entre alliés, en principe, on ne se pointe pas au laser pour se tirer dessus", a-t-elle poursuivi.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait estimé que l'Union européenne devait ouvrir une "discussion de fond sans tabou ni naïveté" sur ses relations avec la Turquie.
La tension est montée d'un cran ces derniers jours entre Ankara et Paris, les deux s'accusant mutuellement de contribuer à la dégradation de la situation sécuritaire en Libye, pays divisé en deux et plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
(Marine Pennetier, édité par Henri-Pierre André)