TOULOUSE (Reuters) - Nikola Karabatic, le meneur de l'équipe de France de handball qui vient de remporter son sixième titre de championne du monde, a été condamné mercredi à deux mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende pour "escroquerie" dans l'affaire des paris suspects lors du match Montpellier-Cesson en mai 2012.
Son frère Luka Karabatic, également membre de l’équipe de France a écopé de la même peine devant la cour d'appel de Montpellier, a-t-on appris auprès de ses avocats.
Cette condamnation de la star du handball français et de son frère cadet contre lesquels le parquet général avait requis 40.000 euros d'amende, intervient trois jours après la victoire des Bleus contre la Norvège à Paris au championnat du monde.
En première instance, en juillet 2015, Nikola et Luka Karabatic avaient été condamnés respectivement à 10.000 euros et 15.000 d’amende.
Les compagnes des deux joueurs, Géraldine Pillet et Jennifer Priez, ont écopé d’une amende de 10.000 euros comme en première instance.
A l’énoncé de la décision, Me Philippe Némusat l’un des avocats des deux médaillés olympiques et de leur compagne, s’est dit "déçu et surpris".
"Dans ce dossier, les éléments constitutifs d’une escroquerie ne sont pas réunis. Juridiquement, la relaxe s’imposait", a déclaré l’avocat à Reuters et évoquant la possibilité d’un pourvoi en cassation.
"FRAUDE COLLECTIVE"
Onze autres personnes, parmi lesquelles d’anciens coéquipiers des frères Karabatic, condamnés en première instance pour escroquerie ou complicité d’escroquerie à des amendes allant de 1.500 euros à 30.000 euros, ont écopé de peines allant de 10.000 euros d’amende à 4 mois de prison avec sursis et 40.000 euros d’amende pour le buraliste Nicolas Gillet.
Dans cette affaire, seul le gardien de but de Cesson, Mickaël Robin, a été relaxé parmi les seize prévenus.
Tous les autres ont été reconnus coupables par la justice d'avoir parié ou fait parier sur la défaite du Montpellier Agglomération Hand-Ball (MAHB) à la mi-temps d'un match de championnat de France 1ere division contre l’équipe de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine) le 12 mai 2012, finalement perdu par le club montpelliérain.
L'enquête sur ces paris présumés truqués avait démarré le 18 mai 2012 après que La Française des jeux avait alerté les autorités judiciaires sur les montants des paris anormalement élevés par rapport à l'enjeu de cette rencontre.
Au total, les paris incriminés s'élevaient à près de 100.000 euros et avaient rapporté un gain d’environ 300.000 euros.
Lors des deux procès, le parquet avait pointé la synchronisation des paris à Paris, Rennes, Montpellier ou Ales qui selon lui ne pouvait s’expliquer que "par l'organisation d'une fraude collective".
Une fraude à laquelle Nikola Karabatic a affirmé être "étranger" tout au long de cette saga judiciaire.
(Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)