par Jesús Aguado
MADRID (Reuters) - La présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, a été libérée de prison vendredi après s'être acquittée d'une caution de 150.000 euros, mais sa participation à la campagne en vue des élections en Catalogne le mois prochain est mise en doute.
Sa remise en liberté, dit la justice espagnole, est en effet assortie de la condition, qu'elle a acceptée, de ne pas avoir d'activités politiques contrevenant à la Constitution espagnole.
Son passeport lui a été retiré et elle a ordre de se présenter devant les autorités judiciaires une fois par semaine.
Carme Forcadell devrait donc vraisemblablement se voir empêchée de participer à la campagne en vue du scrutin régional en Catalogne fixé par le pouvoir central à Madrid au 21 décembre après la dissolution du Parlement catalan le 27 octobre.
Les ennuis judiciaires des leaders du mouvement indépendantiste, depuis le référendum d'autodétermination du 1er octobre, risquent de nuire à leurs chances de retrouver une majorité dans le futur gouvernement régional. Déjà, les deux principaux partis séparatistes iront séparément aux urnes.
Lors de sa comparution devant le Tribunal suprême jeudi, Carme Forcadell, opposante déclarée à la mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid, a dit que la déclaration d'indépendance adoptée le 27 octobre n'était pas juridiquement contraignante, a-t-on déclaré de sources judiciaires à Madrid.
Une position que le pouvoir central vendredi a accueillie favorablement. "Nous constatons (...) dans les déclarations des leaders séparatistes que le retour à l'ordre constitutionnel commence à devenir une réalité", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo.
FUITE À BRUXELLES
Dans le cadre de l'enquête sur le processus indépendantiste en Catalogne, Carme Forcadell et cinq membres du Parlement catalan, accusés de sédition, rébellion et détournement de fonds publics, ont été entendus jeudi par le Tribunal suprême.
Quatre de ces cinq députés ont été libérés jeudi, contre versement d'une caution de 25.000 euros chacun. Le cinquième l'a été sans versement de caution.
Sont actuellement toujours en détention provisoire huit anciens membres du gouvernement catalan et les dirigeants des deux associations indépendantistes, en l'attente de leur procès pour leur rôle dans un processus indépendantiste qui a provoqué le mois dernier une crise institutionnelle majeure en Espagne.
L'Audience nationale a en outre lancé un mandat d'arrêt pour sédition et rébellion à l'encontre de Carles Puigdemont, président catalan déposé, qui s'est exilé en Belgique la semaine dernière, et contre quatre anciens membres de son gouvernement qui se trouvent avec lui à Bruxelles.
Carles Puigdemont a appelé en vain l'Union européenne à intervenir dans la crise entre Madrid et la Catalogne.
La caution de Carme Forcadell a été payée par l'Assemblée nationale catalane (ANC), organisation dont le but est d'obtenir l'indépendance politique de la Catalogne. "La banque de solidarité paiera les cautions des membres du Parlement. Vous n'êtes pas seuls !", a assuré l'ANC jeudi sur Twitter.
Carme Forcadell a tweeté après sa sortie de la prison d'Alcala Meco : "Nous rentrons à la maison. Avec la calme assurance d'avoir bien agi, en garantissant la liberté d'expression au Parlement, centre de la souveraineté nationale."
(Avec Alba Asenjo, Gilles Trequesser pour le service français)