par Simon Carraud
PARIS (Reuters) - Les candidats à la présidence des Républicains (LR) ont quasiment enterré vendredi la perspective d'un débat avant le premier tour de l'élection, prévu le 10 décembre, en raison de désaccords que les adversaires de Laurent Wauquiez imputent à une volonté de verrouiller la campagne.
Le grand favori du scrutin se dit favorable à la tenue d'un tel débat mais sous certaines conditions auxquelles Florence Portelli et Maël de Calan refusent de souscrire.
Dans un courrier adressé le 27 octobre à ses concurrents, le chef de file de l'aile droite de LR proposait que les échanges soient organisés devant des militants, sans le concours de journalistes et retransmis uniquement sur le site du parti.
C'est sur ce dernier point en particulier qu'achoppent les négociations.
Après une série de réunions infructueuses, les représentants des trois rivaux sont parvenus vendredi à la conclusion que les désaccords semblaient insurmontables.
"A priori, il n'y aura pas de débat parce qu'ils veulent un grand show télévisé retransmis en direct par BFM TV et animé par des journalistes", juge le directeur de campagne de Laurent Wauquiez, Geoffroy Didier, joint par Reuters. "Nous, nous voulons un débat en présence des adhérents, ouverts à la presse mais retransmis en direct sur le site des Républicains."
Dans le format qu'il propose, les journalistes seraient les bienvenus, mais au titre de simples observateurs.
"HONNÊTETÉ INTELLECTUELLE"
"On a acquiescé à toutes ses demandes, par exemple sur l'organisation en région", réplique-t-on dans le camp du "juppéiste" Maël de Calan. "Mais on veut que le débat soit ouvert à la presse."
"On perd un temps dingue", ajoute ce proche du jeune élu breton. "Il serait temps que Laurent Wauquiez fasse preuve d'honnêteté intellectuelle. S'il remporte cette élection, ça laisse songeur sur son mode de fonctionnement."
Dans un communiqué, Florence Portelli a pour sa part pris "acte du refus de Laurent Wauquiez" et dénoncé "obstruction méthodique et systématique" ainsi qu'une "régression démocratique dévastatrice pour l'image des LR".
Tous deux pénalisés par leur déficit de notoriété par rapport à l'ex-ministre, Maël de Calan et Florence Portelli partagent sur cette question les mêmes vues.
Laurent Wauquiez leur oppose l'exemple des quatre débats de la primaire de la droite, fin 2016, qui ont selon lui envenimé les querelles au sein de LR et laissé un souvenir douloureux dans la mémoire des adhérents.
"Nos adhérents ne veulent plus de divisions. Ils veulent bien un débat, mais un débat tourné vers eux, respectueux de leur volonté de ne plus subir des divisions intestines", selon Geoffroy Didier.
La question devrait être abordée mardi, lors d'une réunion de la Haute autorité chargée de superviser l'élection, et pourrait être définitivement tranchée à cette occasion.
Les proches des candidats insistent désormais sur les obstacles logistiques liés à la difficulté de trouver, à moins d'un mois du premier tour, une date susceptible de convenir à tout le monde et un lieu à même d'accueillir l'événement.
(Edité par Sophie Louet)