ANKARA (Reuters) - L'Iran a accusé vendredi la France d'alimenter les tensions au Moyen-Orient en raison de ses positions "partiales" envers Téhéran.
"Il semble que la France ait une vue partiale des crises et catastrophes humanitaires en cours au Moyen-Orient. (...) De manière intentionnelle ou non, cette position alimente les conflits régionaux", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qasemi, cité par la télévision d'Etat.
Réagissant à ces propos, une porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré que la France entretenait "un dialogue avec tous les pays qui exercent une influence sur les crises au Moyen-Orient".
"Son objectif est que s’engage une désescalade des violences afin que toutes les parties contribuent à des solutions politiques qui seules permettront le retour de la paix, de la sécurité et de la stabilité", a-t-elle ajouté.
Jeudi, lors d'un déplacement à Ryad, la capitale saoudienne, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a fait part de ses inquiétudes concernant le rôle de l'Iran.
"Nous avons évoqué le rôle de l'Iran et les différents domaines dans lesquels les actions de ce pays nous inquiètent", a dit Jean-Yves Le Drian, aux côtés de son homologue saoudien Adel Joubeïr.
"Je pense en particulier aux interventions de l'Iran dans les crises régionales, à cette tentation hégémonique et je pense à son programme balistique."
L'Iran a rejeté à plusieurs reprises les appels du président français Emmanuel Macron en faveur de discussions sur le programme de missiles de Téhéran, affirmant qu'il sert uniquement à la défense du pays et n'a de ce fait rien à voir avec l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
Il y a huit jours, lors d'un entretien à Ryad avec le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, Emmanuel Macron a jugé nécessaire d'encadrer l'activité balistique iranienne et "d'ouvrir un processus, avec des sanctions si besoin était, de négociation qui permettra d'encadrer cette dernière".
Cette hypothèse semble avoir été écartée mardi par la porte-parole de la diplomatie européenne Federica Mogherini, soucieuse de ne pas mettre en péril l'accord conclu en juillet 2015 pour limiter les activités nucléaires de Téhéran.
L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite se disputent depuis des années l'hégémonie au Moyen-Orient.
(Parisa Hafezi, avec John Irish et service France à Paris; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)