PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'est défendu mercredi de stigmatiser les demandeurs d'emploi avec son projet de durcissement des sanctions contre les chômeurs, dévoilé par Le Canard enchaîné.
Au titre d'un des engagements de campagne du chef de l'Etat, le ministère du Travail envisage une réduction de moitié des allocations chômage pour les chômeurs qui manqueraient à leurs obligations ainsi que la remise de rapports d'activité mensuels, a révélé l'hebdomadaire satirique.
Actuellement, Pôle emploi peut réduire de 20% les allocations des chômeurs dont les recherches sont jugées insuffisantes ou bien qui refusent une formation ou une aide pour trouver un travail.
"Mettre des règles ne veut pas dire qu'on va poursuivre chacun ou qu'il y a une suspicion derrière chacun", a dit le chef de l'Etat, qui s'exprimait sur LCI à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) où il passe quelques jours de vacances.
"C'est un plan d'ensemble qu'il faut voir. On va beaucoup mieux former les gens (...). Mais il faut s'assurer que chacune et chacun recherche bien l'emploi qui peut être offert".
Emmanuel Macron estime qu'"il n'y a rien de choquant". "C'est ce que font tous les pays qui nous entourent. C'est beaucoup d'investissement dans les personnes, beaucoup de formation, mais aussi de la rigueur parce que s'il n'y a pas de rigueur, on ne peut pas faire avancer le pays."
Pour autant, il dit ne pas accepter les "raccourcis".
"Les gens qui sont au chômage sont les premières victimes. Ils sont les premiers à le subir (...). Je n'accepte aucun discours qui consiste à réduire les femmes et les hommes qui sont au chômage à des gens qui frauderaient, ce n'est pas vrai".
Emmanuel Macron, initiateur d'une réforme de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'assurance chômage, a rappelé qu'il prévoyait investir 15 milliards d'euros sur le quinquennat pour former un million de chômeurs et un million de jeunes.
"CULPABILISATION"
L'opposition s'est inquiétée mercredi d'une réforme néfaste pour les demandeurs d'emploi.
"C'est une forme de populisme, (...) une philosophie de la culpabilisation, on va monter les petits contre les petits et faire porter le chapeau du chômage aux chômeurs eux-mêmes", a estimé Florian Philippot, chef de file des Patriotes, sur franceinfo.
A gauche, le député de La France insoumise Eric Coquerel a fustigé sur Twitter une mesure de "nivellement par le bas".
"Emmanuel Macron poursuit la feuille de route du Medef pour qui les chômeurs sont responsables du chômage. Plus de sanctions, plus de contraintes à prendre n'importe quel emploi. L'objectif : un nivellement par le bas du marché du travail. C'est la suite des ordonnances chômage", a-t-il estimé.
Le Parti socialiste a de son côté "demandé au président de la République et au Premier ministre de ne pas laisser à Pierre Gattaz le rôle de conseiller 'social' de l'exécutif".
Le président du Medef, Pierre Gattaz, avait suscité un tollé en octobre dernier en proposant d'imposer un contrôle des demandeurs d'emploi "quotidien, hebdomadaire ou mensuel".
Les négociations avec les partenaires sociaux sur l'assurance chômage, qui se dérouleront du 11 janvier au 15 février prochains, doivent aboutir à un projet de loi d'ici avril 2018, tout en intégrant les propositions de réforme sur la formation professionnelle et l'apprentissage, pour une entrée en vigueur en janvier 2019.
(Caroline Pailliez, Julie Carriat, avec Charlotte Peytour, édité par Sophie Louet)