par Marine Pennetier
PONT-A-MOUSSON, Meurthe et Moselle (Reuters) - Hommage aux Poilus de Morhange et à la "renaissance" d'une région frappée par le chômage et la désindustrialisation : Emmanuel Macron est entré mardi dans le vif de son "itinérance mémorielle" et politique qui doit lui permettre de renouer avec les territoires et les Français sur fond d'impopularité record.
Au deuxième jour de ce périple de sept jours qui le conduira sur plusieurs lieux emblématiques de la Grande Guerre, cent ans après l'armistice de 1918, le chef de l'Etat a participé dans la matinée à une cérémonie d'hommage aux combattants français tués en août 1914 lors de la bataille des frontières, à Morhange.
Au total, 40.000 soldats français ont été tués du 20 au 23 août, dont 27.000 pour la seule journée du 22 août, dans cette ville où l'armée française a connu sa première grande défaite.
"C'est le jour le plus noir", souligne Joseph Zimet, directeur général de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. "Aujourd'hui, on ne commémore pas une défaite, on rend hommage à des morts oubliés, ces morts-là n'ont jamais été dans le Panthéon de la Grande Guerre."
Inédit par sa forme et sa longueur, le périple mémoriel d'Emmanuel Macron, dont le coup d'envoi a été donné sous les voûtes de la cathédrale de Strasbourg dimanche soir aux côtés du président allemand Frank-Walter Steinmeier, se déroule dans un contexte délicat pour le chef de l'Etat.
Au plus bas dans les sondages, l'exécutif est confronté à une grogne grandissante sur la question du pouvoir d'achat et de la hausse de la taxation des carburants. Dans une interview accordée à la presse régionale dimanche, Emmanuel Macron a fait savoir qu'il "assumait parfaitement" la hausse de la taxation sur les carburants au nom de la lutte contre la pollution, mais a tout de même ouvert la porte à des modalités d'accompagnement.
"RENAISSANCE"
Dépeint comme le "président des villes" par l'opposition, le chef de l'Etat est également attendu au tournant par les territoires et les collectivités qui attendent des gestes de l'Etat, à deux jours de l'ouverture de l'Assemblée des départements de France (ADF) à Rennes.
Crispées depuis le début du quinquennat, les relations entre l'exécutif et les collectivités ont connu une légère embellie à la faveur du dernier remaniement gouvernemental, qui a débouché sur la création d'un ministère qui leur est dédié.
"Le repli n’est pas la bonne réponse aux inquiétudes du quotidien. Au contraire !", a tweeté Emmanuel Macron à l'issue d'un déjeuner républicain de trois heures avec les élus de Meurthe-et-Moselle, à la mairie de Pont-à-Mousson.
Dans la soirée, il a rendu hommage, lors du forum économique "Choose Grand Est", à un département et une région qui "au cours de l'Histoire ont toujours su trouver la force de rebondir".
"Ces territoires ont souffert", a rappelé le chef de l'Etat dans l'abbaye des Prémontrés. "Au total, en trente ans, plus de 200.000 emplois industriels ont été détruits ici, dans ces terres du Grand Est" mais "à chaque fois ces territoires ont su se relever, à chaque fois l'économie de cette région s'est aussi redressée".
"Qui sait que cette région est la première du pays hors Ile-de-France, pour les exportations, que sa balance commerciale est largement positive, qu'on parle là d'une grande région agricole et industrielle ?", a-t-il fait valoir, soulignant qu'à Florange "il y a désormais davantage de salariés qu'avant les hauts-fourneaux".
(Edité par Yves Clarisse et Simon Carraud)