PARIS (Reuters) - Au lendemain du déferlement d'une vague écologiste en France au second tour des élections municipales, Emmanuel Macron a annoncé lundi un plan pour l'environnement, prélude à une nouvelle phase du quinquennat qui pourrait englober un remaniement gouvernemental.
Le chef de l'Etat, qui a reçu les membres de la Convention citoyenne sur le climat, a annoncé le déblocage de 15 milliards d'euros supplémentaires sur deux ans pour la conversion écologique de l'économie française.
Un projet de loi reprenant la quasi-intégralité des 149 propositions de la Convention sera présenté d'ici la fin de l'été, a aussi annoncé le président, sans faire référence au scrutin de dimanche.
Lors d'une conférence de presse en fin de journée en Allemagne au côté de la chancelière Angela Merkel, Emmanuel Macron a dit ne pas vouloir tirer de conclusions "excessives de scrutins qui sont d’abord des scrutins locaux".
Du côté des écologistes, on reste sceptique sur un éventuel virage présidentiel "vert".
"Pour que les préconisations de la Convention soient mises en oeuvre, il faut des maires écologistes", a dit à Reuters Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). "Si ça avançait avec Emmanuel Macron, j'applaudirais. Mais je n'ai pas vraiment l'occasion de m'abîmer les mains à trop l'applaudir."
Plus tôt dans la journée sur Europe 1, le député européen EELV Yannick Jadot avait mis en garde contre tout "opportunisme écologique". "Le sujet pour le président, c'est pas d'enrayer la montée des écologistes, c'est d'enrayer la montée des températures, du niveau de la mer, des inégalités, de la défiance dans notre pays", a-t-il dit.
Dimanche, lors d'un scrutin marqué par une abstention proche de 60%, un record sous la Ve République, les écologistes ont confirmé leur percée des européennes de mai 2019 en l'emportant à Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Poitiers, Besançon, en plus d'être reconduits à Grenoble.
A Marseille, tenue par la droite depuis un quart de siècle, la liste d'union de la gauche de Michèle Rubirola est arrivée en tête. Elle obtient une majorité relative de 42 sièges contre 39 pour sa rivale Les Républicains Martine Vassal, ce qui annonce de vives tractations d'ici vendredi, date de la désignation du maire de la cité phocéenne.
"CONTINUITÉ"
C'est également en fin de semaine qu'Anne Hidalgo sera confirmée à la tête de la mairie de Paris, où la socialiste a recueilli plus de 50% des voix. L'échec est cruel pour La République en marche (LaRem) dans la capitale : ni la tête de liste Agnès Buzyn, ni le dissident Cédric Villani n'ont obtenu de siège au conseil de Paris.
Seule consolation pour le camp présidentiel : la large victoire, avec près de 59% des voix, du Premier ministre Edouard Philippe dans son fief du Havre, alors que s'intensifient les rumeurs de remaniement pour donner un nouveau souffle au quinquennat.
Plutôt partisan d'un changement à Matignon, le député LaRem Bruno Bonnell invite son camp à "se réveiller". "Si on recommence à faire de la droite tiède on va se reprendre une baigne aux régionales" l'an prochain, a-t-il dit à Reuters.
Son collègue Bruno Questel voit Edouard Philippe gagner sur tous les tableaux. "S'il reste il sera doté de la confiance du président et de la majorité. S'il retourne au Havre, il sera un soutien du président en 2022, il l'a déjà déclaré", a-t-il dit à Reuters.
"Je ne vois pas la nécessité de changer de Premier ministre", considère un ministre, tandis qu'une autre source gouvernementale envisage un remaniement la semaine prochaine.
L'entourage d'Emmanuel Macron place quant à lui la période à venir sous le signe de la "continuité", ce qui semble laisser peu de place à l'hypothèse d'un remaniement d'ampleur.
Edouard Philippe sera samedi au Havre pour assister au premier conseil municipal de la mandature.
Les municipales ont aussi conforté les socialistes, défaits depuis leur déroute de 2017 à la présidentielle et aux législatives. Outre Paris, le PS a conforté ses fiefs à Lille, où Martine Aubry l'a emporté d'un cheveu, Nantes, Rennes et Le Mans. Il a gagné Nancy, Saint-Denis et Montpellier.
Fort de ce rebond rose et vert - "couleur pastèque" ironisent leurs adversaires - le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a d'ores et déjà lancé la course à l'Elysée de 2022 en se disant devant la presse "prêt" à se ranger derrière le candidat qui "incarnera le bloc social écologiste", quelle que soit son "origine politique".
(Elizabeth Pineau et Michel Rose, édité par Bertrand Boucey)