PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'est dit opposé mardi à l'interdiction des listes communautaires, réclamée par la droite et l'extrême droite pour les élections municipales de mars 2020, préférant mettre en avant les "règles claires" existantes.
"Je suis sur ce point pragmatique et ouvert à toutes les propositions à la condition qu'elles soient efficaces et qu'elles respectent nos principes", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un discours au 102e Congrès des maires, à Paris.
"Comment définirait-on les listes communautaires, qui en serait le juge, selon quels critères ?", a-t-il poursuivi. "La vie politique est ainsi faite que les choses peuvent changer. Nous avons des règles claires, faut-il ici les bousculer parce que soudain les esprits s'échauffent ? Je nous appelle collectivement à la prudence, pas celle qui mène à l'inaction mais celle qui conduit à ne pas renoncer aux libertés de la République".
"Il ne faut pas en la matière avoir quelque naïveté que ce soit : il ne s'agit pas de proclamer l'interdiction pour régler le problème", a-t-il jugé. "Qui peut penser que de telles listes se présenteront à visage découvert avec spontanéité et clarté ?"
Concernant la lutte contre la radicalisation et le communautarisme, le ministre de l'Intérieur donnera "des instructions nouvelles aux préfets dans les prochains jours" et le gouvernement portera "des actions concrètes nouvelles dans les prochaines semaines", a ajouté le chef de l'Etat.
Mais il s'agit de "ne pas tout confondre".
"On confond bien souvent la laïcité, la civilité et l'ordre public. La laïcité a un cadre, la loi de 1905 (...) ce n'est en aucun cas un cadre de combat ou d'exclusion, ce n'est pas la notion qui doit nous conduire à mettre dos à dos, front à front, une part de la société française contre une autre. Ce serait une profonde erreur historique et une faute lourde politique".
Jugée marginale par les observateurs, la question des listes communautaires en France revient sur le devant de la scène à l'approche des élections municipales de mars prochain.
Le chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, a déposé début novembre une proposition de loi visant à empêcher le dépôt de listes ou le financement de candidats menant une "campagne communautariste".
Le sénateur vise explicitement l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) - un parti fondé en 2012, qui se défend de tout communautarisme et qui a recueilli 0,13% des voix aux élections européennes de mai, avec quelques scores notables dans certains quartiers populaires.
(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)