PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron souhaite un prompt rétablissement "et peut-être une forme de sagesse" à la septuagénaire blessée à la tête samedi lors d'un rassemblement de "Gilets jaunes" dans le centre ville de Nice, suscitant immédiatement un début de polémique.
"Je souhaite d'abord qu'elle se rétablisse au plus vite et qu'elle sorte rapidement de l'hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille. Mais pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable", déclare le chef de l'Etat dans un entretien accordé à Nice Matin.
"Je pense que quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celles-ci", ajoute-t-il.
"Cette dame n'a pas été en contact avec les forces de l'ordre", poursuit-il, avant de conclure : "Je lui souhaite un prompt rétablissement et peut-être une forme de sagesse."
Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice à la suite des blessures de la militante associative, âgée de 73 ans, qui a chuté au moment où les forces de l'ordre chargeaient pour disperser les manifestants sur la place Garibaldi, une zone interdite aux manifestants.
Son avocat, Arié Alimi, a annoncé qu'une plainte serait déposée pour "violences volontaires avec armes en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique sur personnes vulnérables".
DISPERSION DE LA MANIFESTATION
L'association altermondialiste Attac à laquelle appartient la militante a annoncé lundi le dépôt d'une plainte pour "violence volontaire en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique sur personne vulnérable", "en plus de la plainte déposée par la famille de Geneviève Legay".
Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a donné des nouvelles rassurantes de la blessée née en 1946 qui, a-t-il dit au vu de l'analyse des images, est tombée à la renverse après avoir été poussée par l'arrière, sa tête heurtant un plot métallique.
"Cette chute est intervenue alors que les forces de sécurité étaient en train d'avancer dans le cadre d'une action de dispersion de la manifestation", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
"Cette action de dispersion n'a pas pu surprendre qui que ce soit", a-t-il souligné, ajoutant que "cette manifestation à cet endroit-là était à la fois illlicite et interdite" et qu'il avait "été fait sommation à plusieurs reprises aux manifestants présents de se disperser".
C'est à l'issue de l'analyse des témoignages et des images "qu'une décision pourra être prise pour savoir si les causes des blessures qui ont été subies par Mme Legay résultent ou pas d'une infraction. C'est ça ma responsabilité", a-t-il conclu.
"TOUJOURS À DONNER DES LEÇONS"
Les propos d'Emmanuel Macron ont suscité l'indignation de l'opposition de gauche, qui accuse Emmanuel Macron de manquer une nouvelle fois d'empathie et fustige une propension à donner des leçons.
"Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi ?", s'est exclamé sur Twitter (NYSE:TWTR) le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
La sénatrice EELV de Paris Esther Benbassa écrit pour sa part : "Quand il y aura un mort, il lui souhaitera d'aller au paradis? Toujours à donner des leçons. Incapable d'un simple moment d'empathie".
Le secrétaire d'Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, a défendu sur BFM TV les propos du président et assuré de sa "compassion".
"Ce que j'entends dans la phrase du président, c'est d'abord le début, il y a de la compassion pour cette dame, personne ne souhaite que cette dame ait pu se faire bousculer et marcher dessus. Moi quand je vois cette image avec la flaque de sang j'ai les larmes aux yeux, c'est terrible", a-t-il déclaré sur BFM TV.
A droite, le député Les Républicains Eric Woerth semble partager l'analyse de l'exécutif sur les manifestations des "Gilets jaunes". "Les personnes qui y vont engagent leur responsabilité, il y a des lieux qui sont interdits. Je sais bien que c'est très désagréable de dire ça, mais c'est la vérité aussi", a-t-il dit sur Public Sénat.
(Julie Carriat avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)