par Jean-Baptiste Vey
PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a poursuivi vendredi ses rencontres visant à souder le noyau dur de l'Union européenne, avant des discussions probablement plus difficiles avec des pays de l'Est, qui précéderont son premier Conseil européen jeudi et vendredi.
Le président français a reçu le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et déjeuné avec le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui ont fait part de grandes convergences avec lui sur l'avenir de l'Union.
Il a aussi reçu Jüri Ratas, Premier ministre de l'Estonie, pays qui présidera le Conseil de l'UE à partir de juillet, l'assurant que la France serait "un partenaire ambitieux et constructif".
Ces dirigeants, comme auparavant la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, ont dit leur satisfaction de voir un pro-européen à l'Elysée, déterminé à relancer l'Union pour enrayer le populisme qui menace l'équilibre politique de nombreux Etats.
Pour souder le noyau dur de l'UE, Emmanuel Macron a deux atouts : avoir vaincu Marine Le Pen en défendant l'Europe et l'euro, réconfortant ainsi ses homologues, et porter un agenda dans la droite ligne de celui décidé par les Européens après le choc du vote pour le Brexit il y a un an et formalisé à Bratislava en septembre.
Emmanuel Macron a précisé qu'il aurait des échanges avec des dirigeants de l'Europe centrale et orientale avant le Conseil européen de la semaine prochaine, sans préciser lesquels.
"L'EUROPE VA VERS PLUS D'INTÉGRATION"
Mariano Rajoy a exprimé au côté du président français sa conviction que la relance de l'Europe était engagée.
"L’Europe va vers plus d’intégration, plus de politique de défense, une plus grande politique commune en matière de sécurité, nous allons achever l’union bancaire, nous allons commencer à parler d’union budgétaire, de budget européen", a-t-il déclaré.
Avec Mark Rutte, Emmanuel Macron a présenté ses réformes économiques et sociales comme une façon de rapprocher les modèles français et néerlandais et jeté les bases d'un travail commun sur l'Europe.
"Les réformes que nous portons l'un et l'autre nous rapprochent et rapprochent nos deux pays qui sont face à des défis communs, celui de la compétitivité, celui d'économies qui sont à rendre plus attractives dans un monde ouvert", a-t-il dit lors d'une déclaration conjointe.
Il a souligné que Mark Rutte et lui-même avaient affronté des extrémistes et des populistes, portés par une hostilité envers l'Europe, lors des récentes élections.
"Cette Europe qui protège que nous allons promouvoir, c'est celle qui nous conduira dans les prochains mois à renégocier la directive travailleurs détachés", a-t-il dit, en soulignant que le compromis initialement proposé n'était pas satisfaisant.
"Mon souhait, c'est que nous puissions construire en profondeur un accord beaucoup plus exigeant qui permettra d'arrêter avec le dumping social en Europe", a-t-il poursuivi.
Avec Mariano Rajoy, Emmanuel Macron a ensuite assuré que "l’Europe qui protège sur le plan social est en train de gagner du terrain mais il faut le faire de manière intelligente et non antagoniste", ce qui suppose de convaincre les pays de l'Est qu'ils y trouveront eux aussi leur intérêt.
Sur la question d'un accord sur les travailleurs détachés, Mariano Rajoy a déclaré : "je suis sûr que nous y parviendrons très prochainement."
(édité par Yves Clarisse)