PARIS (Reuters) - Une manifestation contre l'islamophobie prévue dimanche à Paris embarrasse le monde politique et syndical français, ajoutant au malaise ambiant sur le principe de laïcité en France.
Un trouble alimenté par la résurgence du débat sur le port du voile islamique, la lutte contre le communautarisme et le durcissement de la politique migratoire du gouvernement.
La marche dominicale, qui partira de la gare du Nord, fait suite à une tribune publiée dans Libération et signée d'une cinquantaine de personnalités, dont la totalité des députés La France insoumise, le fondateur du parti Génération.s Benoît Hamon, l'élu communiste Ian Brossat et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Aucune signature socialiste en revanche. "Nous ne voulons pas nous associer à certains des initiateurs de l'appel", a expliqué le parti dans un communiqué en référence aux organisateurs de la manifestation parisienne, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), groupement aux activités controversées soupçonné d'être proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans.
Certains termes de la tribune font aussi débat, comme la mention de "lois liberticides" vis-à-vis des musulmans. "Je ne valide pas l'ensemble du texte", a dit sur franceinfo l'eurodéputé Yannick Jadot, pourtant signataire de la tribune.
MARCHE ARRIÈRE
D'autres ont fait aussi marche arrière, tel le député Insoumis François Ruffin, qui a reconnu sur France Inter ne pas avoir pesé les termes du texte avant de signer et son collègue Alexis Corbière, qui a dit au Figaro penser que "la Ligue des droits de l'Homme était à l'initiative de la démarche".
"Cet appel, il était insignable pour nous, très clairement", a déclaré pour sa part vendredi sur RTL (DE:RRTL) le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "Moi je ne signe jamais sans avoir lu."
Le Parti communiste appelle à manifester dimanche, tout comme Génération.s, qui dénonce dans un communiqué "le climat actuel de violence et de rejet." Chez Europe Ecologie-Les Verts, le secrétaire national David Cormand a dit sur Public Sénat assumer "bien sûr" sa signature.
Selon son secrétaire général Jean Préau, interrogé par Reuters, l'Union des démocrates musulmans français, un parti qui avait présenté des candidats aux dernières élections européennes, n'a pas été invité à manifester dimanche.
Il avait en revanche participé à un rassemblement contre la "stigmatisation des musulmans" qui avait réuni des centaines de personnes à Paris le 27 octobre dernier.
Dans cette atmosphère tendue et à quatre mois des élections municipales, des élus Les Républicains (LR) dénoncent la présence de partis jugés communautaristes aux élections.
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a déposé une proposition de loi en vue de l'interdiction des listes communautaires aux municipales.
(Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)