par Ian Simpson
NEW YORK (Reuters) - Des dizaines de milliers de participants sont attendus ce samedi à Washington et New York pour des manifestations de protestation contre les violences policières, à la suite de la mort de Noirs non armés tués par des agents blancs qui n'ont pas été inculpés.
"Il ne suffit pas de parler; il faut des mesures législatives qui changeront les choses à la fois dans les textes et sur le terrain", a déclaré le leader des droits civiques Al Sharpton, dont l'organisation, National Action Alliance, conduira la manifestation de Washington.
Le révérend Sharpton demande au Congrès d'adopter une loi qui permette aux procureurs fédéraux d'être saisis d'affaires impliquant des policiers. Les procureurs locaux, qui collaborent régulièrement avec les policiers et doivent ensuite parfois enquêter sur les mêmes policiers, se retrouvent en plein conflit d'intérêt, estime-t-il.
Le cortège qui doit s'ébranler à Washington comprendra des membres des familles d'Eric Garner et d'Akai Gurley, qui ont été tués par des policiers newyorkais, mais aussi de Trayvon Martin, abattu par un vigile en 2012 en Floride, ainsi que de Michael Brown, tué par un agent à Ferguson dans le Missouri.
Le cortège partira à la mi-journée (17h00 GMT) et les participants bloqueront Pennsylvania Avenue, entre la Maison blanche et le Capitole, qui abrite le Congrès. Certains manifestants viendront de Floride, du Connecticut ou encore de Pittsburgh, selon le site internet des organisateurs.
A New York, les organisateurs attendent entre 40.000 et 50.000 personnes.
Vendredi, déjà, plusieurs rassemblements avec concert de sifflets ont eu lieu à New York devant des commissariats en préambule à ce second week-end de manifestations contre les violences policières après la non inculpation du policier blanc ayant tué Eric Garner l'été dernier dans un quartier de la ville.
MANIFESTATIONS DE HARLEM À TIMES SQUARE
A Harlem, une quarantaine de manifestants ont défilé devant des cités où, disent-ils, les violences policières sont particulièrement fréquentes, avant de se regrouper devant un immeuble de la police. Les manifestants ont alors sorti leurs sifflets, dont les sons stridents ont fendu l'air froid.
"Nous sommes là parce qu'à partir de ce commissariat, régulièrement, systématiquement, ils maltraitent les gens dans ces ensembles de logements", a lancé à la foule un des organisateurs, Kevin Lee, 59 ans.
Selon un communiqué du réseau "Stop Mass Incarceration" qui organisait vendredi des événements du même genre dans les quartiers du Bronx et du Queens, l'idée est "littéralement de siffler sur les flics tueurs (...) dans les communautés les plus affectées par la brutalité policière".
Auparavant, à Times Square, des manifestants avaient brandi des pancartes noires et blanches portant les noms de plus de 100 personnes qui, disent-ils, ont été victimes de la violence policière. Certains noms ont été lus à haute voix avec une brève explication du cas.
Les dernières manifestations liées à l'affaire Eric Garner ont attiré moins de monde et le nombre d'interpellations a reculé. Toutefois, un sondage publié vendredi montre que les New-Yorkais estiment en général que la justice n'a pas été rendue dans cette affaire.
Près des deux-tiers des habitants de New York en âge de voter estiment que le grand jury, qui a rendu sa décision le 3 décembre, aurait dû décider que l'agent de police Daniel Pantaleo devait être jugé devant une juridiction pénale, selon un sondage Siena College/New York Times publié vendredi.
(avec Sebastien Malo, Frank McGurty et Natasja Sheriff; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)