PARIS (Reuters) - Manuel Valls a répliqué jeudi aux critiques de Nicolas Sarkozy, accusant l'ancien président d'attenter à l'unité nationale par des "débats inutiles", là où la classe politique devrait selon lui être "à la hauteur" des exigences des Français.
Le président de l'UMP a qualifié jeudi soir de "faute" l'utilisation par le Premier ministre du terme "apartheid" pour désigner certains territoires oubliés de la République, qui seraient le terreau des djihadistes.
"L'erreur, la faute, c'est de ne pas avoir le courage de désigner cette situation", lui a rétorqué Manuel Valls lors d'une conférence de presse à Matignon. "Peu importe les mots. Moi j'ai toujours utilisé les mêmes mots depuis 10 ans parce qu'ils disent la vérité."
Le chef du gouvernement a implicitement accusé l'ancien locataire de l'Elysée d'avoir brisé l'unité nationale qui prévaut depuis les attentats de début janvier et s'est manifestée dans des rassemblements pour la défense de la liberté d'expression, en particulier le dimanche 11 janvier.
"Dans ces moments-là, tout le monde, et à commencer par les responsables politiques, ceux qui gouvernent et ceux qui hier ont gouverné, doivent être grands, pas petits", a dit Manuel Valls. "Se hisser au niveau de l'exigence des Français, ne participer à aucune polémique qui vise non pas à discuter du fond de la politique mais à briser l'esprit du 11 janvier, à mettre en cause l'unité nationale".
Le Premier ministre s'est dit convaincu de pouvoir mobiliser "l'immense majorité des Français" sur "l'idée de la République, de la laïcité, de la fraternité, de l'égalité."
"Vous ne me trouverez sur aucune polémique, sur aucun débat inutile. Dans ce moment-là il ne faut pas penser à soi, à je ne sais quelle échéance, il faut penser à la France, aux Français", a-t-il insisté, accusant à demi-mot Nicolas Sarkozy d'être obnubilé par l'élection présidentielle de 2017.
"Tout le monde doit être à ce niveau-là. En tout cas le gouvernement, comme l'a demandé le président de la République, sera à ce niveau-là", a conclu Manuel Valls.
Préférant jeudi les termes de "fracture" et de "relégation" à celui "d'apartheid", le Premier ministre a rappelé son passé de maire d'Evry, une ville populaire de la banlieue parisienne.
"Je n'ai pas besoin de me rendre dans des zones, des territoires, des quartiers, j'en suis l'élu depuis 30 ans", a-t-il dit. "Je ne supporte pas, comme Français et comme républicain, de voir cette relégation, cet enfermement dans un certain nombre de quartiers."
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)