MARSEILLE (Reuters) - La France n'a plus les moyens, ni l'envie d'être plus généreuse avec la misère du monde, a déclaré dimanche Marine Le Pen.
La présidente du Front national a consacré une bonne partie du discours de clôture de l'université de son parti, à Marseille, à la "terrifiante crise migratoire" en Europe et en France et prôné une grande fermeté pour y faire face, marquant un retour à un thème fondateur de la formation d'extrême droite.
Elle a stigmatisé les politiques menées en France par le gouvernement socialiste et ses prédécesseurs de droite et s'en est prise vivement à l'Allemagne, coupable de vouloir imposer à l'Europe l'accueil de "centaines de milliers de demandeurs d'asile".
"Notre pays n'a plus ni les moyens, ni l'énergie, ni l'envie d'être plus généreux qu'il ne peut l'être avec la misère du monde", a dit Marine Le Pen, après avoir dressé un bilan très noir de la situation en France.
"On ne peut plus accueillir personne, voila la réalité !", a-t-elle ajouté au moment où un nouveau sondage la donne en tête des intentions de vote en vue du premier tour de l'élection présidentielle en 2017.
Pour elle, seul le Front national "est là pour entendre le cri d'alarme des Français devant ce qu'il faut bien qualifier de submersion migratoire et de déstructuration avancée de notre identité nationale".
Et les "belles âmes qui nous demandent d'être généreux, charitables" face à l'afflux des réfugiés "sont en fait des âmes criminelles, (qui) poussent à une aggravation du problème" en créant un "appel d'air criminel" pour d'autres réfugiés.
CULPABILISER LES CONSCIENCES
L'Allemagne, dont elle critique l'emprise sur les politiques économiques européennes, est à ses yeux particulièrement responsable en poussant les Européens à accueillir des réfugiés.
"Sans doute l'Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive", a-t-elle dit.
"On instrumentalise la souffrance de ces pauvres gens qui traversent la Méditerranée, on instrumentalise la mort de ceux qui la trouvent au long de ces voyages organisés par des mafieux, on montre des photos, on exhibe la mort d'un enfant sans aucune dignité à la seule fin de culpabiliser les consciences européennes et de leur faire accepter la situation actuelle", a-t-elle encore dit.
Marine Le Pen s'est de nouveau prononcé pour une réforme du code de la nationalité avec la suppression du droit du sol, la priorité nationale, la reconduite systématique des clandestins aux frontières ou encore de restreindre le droit d'asile. "L'asile est devenu une filière d'immigration clandestine comme une autre", a-t-elle estimé.
Candidate à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, elle n'a que peu évoqué les élections régionales de fin d'année si ce n'est pour promettre une "fessée électorale" pour le Parti socialiste.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yann Le Guernigou)