par Jean-François Rosnoblet
FRÉJUS (Var) (Reuters) - Marine Le Pen a mis dimanche le cap sur les élections européennes de mai 2019, un scrutin traditionnellement favorable à son parti que la présidente du Rassemblement national (RN) ne se donne pas le "droit de manquer".
"C'est un rendez vous que nous ne pouvons pas manquer, que nous n'avons pas le droit de manquer", a dit l'ex-présidente du Front national lors de son discours de rentrée à Fréjus (Var).
Marine Le Pen a fixé à ses troupes le "double objectif" de "sortir en tête de l'élection" et "dépasser la liste mondialiste d'Emmanuel Macron".
Le Front national a terminé en tête du scrutin européen de 2014, avec 24,8% des voix.
Le Rassemblement national aspire à faire de même, à l'heure où un sondage Odoxa-Dentsu-Consulting publié mercredi le donne au coude à coude dans les intentions de vote avec La République en Marche (LaRem), avec respectivement 21,5% et 21% des intentions de vote.
"Puisque Emmanuel Macron nous a dit de venir le chercher, nos électeurs lui répondent immédiatement 'on arrive'", a lancé Marine Le Pen aux 800 personnes présentes dans la salle.
Face à ceux qu'elle qualifie de "chers soldats de l'an II", la présidente du RN s'est livrée à un violent réquisitoire de la première année de gouvernance d'Emmanuel Macron.
"L'an II, c'est la deuxième année d'un quinquennat qui se voulait celui d'un nouveau monde et qui, un an après, donne déjà l'image d'un pouvoir essoufflé, affaibli, impuissant ", a-t-elle dit. "Emmanuel Macron n'incarne pas le début mais la fin d'un cycle."
"A l'heure où tout le monde fait sa rentrée, lui donne l'impression de faire sa sortie. Macron ne règle pas les problèmes, il gagne du temps. Il n'a pas de grande vision, il tâtonne. Il ne marche plus, il rame", a-t-elle ajouté.
"AVEC NOUS, L'AQUARIUS N'ACCOSTERA PLUS"
La député du Pas-de-Calais dénonce ainsi pêle-mêle les "plus mauvais résultats" d'Europe, la "plus faible croissance de la zone euro", des dépenses publiques qui progressent et des déficits qui se creusent. "On ne dirige pas une grande république comme la France seul, entouré de mercenaires de supermarché", souligne-t-elle.
"Le choc de confiance n'a pas eu lieu. Ces résultats montrent que les théories du ruissellement ou du premier de cordée, servies par le pouvoir pour justifier les cadeaux aux très riches, relèvent du raisonnement biaisé d'un banquier d'affaires".
Mais Marine Le Pen voit surtout derrière la silhouette du chef de l'Etat l'ombre omniprésente de Bruxelles.
Elle a fait de Châteaudouble, ce village du Var qui a accueilli 72 migrants sur "décision autoritaire préfectorale" et où elle a été fraîchement accueillie dans la semaine, le symbole de la "submersion migratoire".
"Ce village si merveilleusement français est menacé par une décision venue de Bruxelles, où des fonctionnaires ont décidé de ces installations forcées", a-t-elle affirmé. "Ce qui se passe à Châteaudouble se passe partout en France, dans des dizaines de villes et de villages".
Pour elle, l'enjeu du scrutin européen est donc celui des "nations contre la Commission".
"La vague nationale qui monte va balayer de sa puissance ce monde ancien", prédit-elle, s'inscrivant dans les pas nationalistes du Premier ministre hongrois Viktor Orban et du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.
"Avec nous, l'Aquarius n'accostera plus sur les côtes françaises", promet-elle avec l'espoir de surfer sur les victoires des nationalistes dans une Europe divisée par la crise migratoire, notamment.
"Ce mouvement est mondial. C'est une lame de fond qui parcoure le monde. L'Union Européenne, ce n'est pas l'Europe, c'est une construction idéologique dirigé par un pouvoir anonyme", a-t-elle conclu.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Julie Carriat)