PARIS (Reuters) - Masques sur le nez et munis de leur propre stylo, les électeurs français se sont enfin rendus aux urnes dimanche pour le deuxième tour d'un scrutin municipal qui risque de porter un coup aux ambitions de La République en marche (LaRem), le parti du président Emmanuel Macron.
Près de 18 millions d’électeurs sont appelés à voter pour choisir les maires de 4.800 villes dont les plus grandes - Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg.
Ce scrutin devait initialement se tenir le 22 mars mais il a été reporté de plus de trois mois en raison essentiellement du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai pour endiguer l'épidémie de coronavirus, qui a fait près de 30.000 morts en France pour l'instant.
A 17h00, la participation était en baisse, à 34,67 % selon des données communiquées par le ministère de l'Intérieur, inférieure de près de 18 points par rapport au second tour des municipales de 2014 (52,36 %).
Il y a un an, Emmanuel Macron nourrissait l'espoir que son parti, qui avait remporté haut la main les élections législatives de 2017, allait asseoir sa présence dans le pays à la faveur de ces élections locales, alors vues comme un tremplin dans la perspective de l'élection présidentielle de 2022.
Mais ces derniers mois, les conseillers du chef de l'Etat ont minimisé les chances de succès de la République en marche, jugeant possible, voire probable, que le parti se retrouve sans victoire dans aucune grande ville.
A Paris, Anne Hidalgo, la maire socialiste sortante, devrait être aisément réélue selon les sondages, notamment du fait d'une campagne désastreuse du camp présidentiel, marquée par l'affaire Benjamin Griveaux, remplacé au pied levé par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn à un mois du premier tour.
Dès l'été dernier, l'investiture de Benjamin Griveaux avait fait grincer des dents au sein de LaRem, conduisant le mathématicien Cédric Villani, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, à faire dissidence et à présenter sa propre liste au premier tour ().
"(Agnès) Buzyn elle a été parachutée (...). C'était beaucoup trop rapide. Il n'y a pas eu de propositions concrètes", a déclaré Jacqueline, une électrice à la retraite de 68 ans, rencontrée dans un bureau de vote du 5e arrondissement de Paris.
PARIS NE SERA PAS LA SEULE DÉCEPTION DE MACRON
Contrairement à LaRem, les écologistes devraient afficher de bonnes performances dans nombre de grandes villes dont Lyon, Bordeaux et Marseille, poursuivant sur la lancée des élections européennes de 2019.
A l'autre bout du spectre politique, le Rassemblement national, le parti d'extrême-droite dirigé par Marine Le Pen, pourrait conquérir sa première ville de plus de 100.000 habitants avec Perpignan.
Le premier tour des élections municipales avait été maintenu le 15 mars, en dépit de l'accélération l'épidémie du coronavirus, qui avait conduit 48 heures plus tard le gouvernement à mettre en place un strict confinement qui n'a été levé que le 11 mai.
Dans les bureaux de vote, les assesseurs sont assis derrière des écrans en plexiglas, portant des masques ou des protections de visage. "C'était mieux que la dernière fois", a estimé Jean de Nathan, qui est à la retraite, à Paris.
Emmanuel Macron s'est engagé à "réinventer" sa présidence, avec notamment la présentation en juillet d'un plan détaillé des deux dernières années de son mandat, censées le mettre en orbite pour le scrutin de 2022.
Ceci pourrait passer par un remaniement gouvernemental et notamment par le remplacement d'Edouard Philippe, dont la popularité est largement supérieure à celle d'Emmanuel Macron, à Matignon.
Le Premier ministre s'est présenté aux élections municipales du Havre (Seine-Maritime), où il est en ballottage face à candidat communiste, Jean-Paul Lecoq.
(Richard Lough, Elizabeth Pineau, Benoît Van Overstraeten, avec la contribution de Yonathan Van der Voort, édité par Marine Pennetier)