PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon a été condamné lundi à trois mois de prison avec sursis et 8.000 euros d'amende par le tribunal de Bobigny pour les incidents ultra médiatisés qui ont émaillé les perquisitions de l'an dernier dans les locaux de La France insoumise et au domicile de certains de ses dirigeants.
Après le délibéré, le chef de file de La France insoumise (LFI) a dénoncé un "jugement politique" destiné selon lui à le faire taire, un argument déjà rodé à l'audience, fin septembre.
Parmi les autres prévenus, le députés Alexis Corbière a été relaxé, Bastien Lachaud, lui aussi député, a été condamné à 6.000 euros d'amende, et l'eurodéputé Manuel Bompard à 7.000 euros d'amende, sans peine de prison.
Les deux autres personnes poursuivies pour rébellion dans ce dossier ont également écopé d'amendes.
"A l'évidence, c'est un jugement politique", a déclaré Jean-Luc Mélenchon en sortant de la salle d'audience. "C'est une comédie judiciaire pour me flétrir (...) c'est organisé pour me donner un coup, à moi et mes amis, et c'est déplorable parce qu'il y a bien d'autres manières de me combattre."
Selon lui, cette affaire aura coûté 150.000 euros à LFI en frais de justice divers.
Le député de Marseille est celui qui risquait la plus lourde peine, théoriquement jusqu'à 10 ans de prison ferme et 150.000 euros d'amende, compte tenu des infractions qui lui étaient reprochées - rébellion, rébellion en réunion, provocation à la rébellion et actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique.
Le ministère public avait réclamé contre lui trois mois de prison avec sursis et 8.000 euros d'amende, des réquisitions très en deçà des risques encourus.
Lors du procès, qui s'est déroulé dans une atmosphère de campagne électorale, Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens ont défendu la thèse du procès politique, instruit d'après eux par un pouvoir décidé à museler l'opposition.
Les caméras de l'émission Quotidien, sur TMC, ont immortalisé certaines scènes des perquisitions du 16 octobre 2018, en particulier l'une d'elles montrant l'ex-candidat à la présidentielle en train de forcer l'entrée du siège parisien de LFI, gardée par deux policiers.
Ces perquisitions - écourtées du fait de la cohue - avaient lieu dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris, liées à des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen et aux comptes de la campagne présidentielle du candidat, en 2017.
(Simon Carraud, édité par Sophie Louet)