ALMATY (Reuters) - Le président ouzbek Islam Karimov, hospitalisé la semaine dernière, est mort à l'âge de 78 ans, a annoncé vendredi le gouvernement de Tachkent.
Les funérailles du dirigeant auront lieu samedi à Samarcande, a-t-il ajouté.
Un premier communiqué officiel diffusé vendredi matin annonçait que l'état de santé d'Islam Karimov, qui a dirigé l'Ouzbékistan d'une main de fer pendant vingt-sept ans, s'était nettement dégradé ces 24 dernières heures.
Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, n'a pas attendu la confirmation officielle pour présenter ses condoléances à la population ouzbeke lors d'une réunion télévisée avec son cabinet, précisant que la Turquie "partageait (sa) douleur et (sa) peine". La Géorgie a également présenté ses condoléances.
Ancien apparatchik soviétique devenu premier secrétaire du Parti communiste d'Ouzbékistan en 1989, au temps fort de la perestroïka, Islam Karimov présidait l'ex-république soviétique d'Asie centrale depuis son indépendance, en 1991. Il avait été réélu l'an dernier pour cinq ans avec 90,4% des voix.
Sous son règne, l'Ouzbékistan, un pays de 32 millions d'habitants situé sur l'ancienne Route de la Soie, est devenu l'un des pays les plus isolés et autoritaires au monde.
Les relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne se sont notamment refroidies après la brutale répression par l'armée d'un soulèvement populaire à Andijan, en mai 2005. Des centaines de civils avaient alors été tués, selon des témoignages recueillis par les mouvements de défense des droits de l'homme.
Islam Karimov a également ordonné la fermeture d'une base militaire américaine que les Etats-Unis avaient installée après les attentats du 11-Septembre.
Mais les relations avec l'Occident de ce pays producteur de coton, d'or et de gaz naturel se sont par la suite améliorées et les troupes américaines engagées en Afghanistan ont pu y transiter.
Le président ouzbek préservait également jalousement l'indépendance de son pays vis-à-vis de la Russie et il avait suspendu en 2012 la participation de l'Ouzbékistan à l'Organisation du traité de sécurité collective, qui regroupe plusieurs anciennes républiques soviétiques.
UNE SUCCESSION RÉGLÉE EN PETIT COMITÉ
Cet orphelin de mère tadjike et de père ouzbek, né le 30 janvier 1938, n'avait pas désigné de successeur et les observateurs s'attendent à ce que les modalités de la transition politique soient réglées en petit comité par des caciques du pouvoir et par sa famille.
Parmi les successeurs potentiels figurent le Premier ministre Chavkat Mirziyoïev et le vice-Premier ministre Roustam Azimov.
Roustam Inoyatov, chef des services de sécurité, et Lola Karimova-Tilliaeva, fille cadette d'Islam Karimov, devraient être impliqués dans le choix du nouveau chef de l'Etat. Lola Karimova-Tilliaeva a notamment représenté l'Ouzbékistan auprès de l'Unesco à Paris.
La deuxième fille d'Islam Karimov, Goulnara, son aînée, est devenue il y a quelques années une pop star dans son pays, se hissant parallèlement à la tête d'un vaste empire économique. Mais, en 2014, plusieurs médias dont la BBC ont déclaré qu'elle avait été placée en détention et elle n'est pas apparue en public depuis cette date.
Selon la Constitution, le président de la chambre haute du Parlement, Nigmatilla Iouldochev, doit assurer l'intérim et des élections doivent être organisées dans les trois mois.
Analystes et observateurs s'attendent cependant à ce qu'il soit rapidement mis sur la touche comme ce fut le cas en 2006 au Turkménistan, lorsque celui qui occupait la même fonction fut rapidement arrêté et écarté.
Faute d'accord, le pays pourrait traverser une période de turbulences alors qu'il est déjà ciblé par des combattants islamistes. Islam Karimov avait lui-même échappé de peu à la mort en février 1999 lors d'une vague d'attentats du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), fondé deux ans plus tôt.
(Oljas Auyezov à Almaty et Lidia Kelly à Moscou,; Henri-Pierre André, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français) 2016-09-02T200755Z_2_LYNXNPEC810GX_RTROPTP_1_UZBEKISTAN-PRESIDENT.JPG