par Julien Ponthus
PARIS (Reuters) - A défaut du portefeuille des Affaires économiques et monétaires, Paris verrait d'un bon oeil Pierre Moscovici devenir commissaire européen à l'Investissement, un maroquin inédit à la Commission mais envisagé par son futur président, Jean-Claude Juncker.
"Cela pourrait être intéressant", estime-t-on dans l'entourage de François Hollande qui a, plus que jamais, besoin d'une relance européenne orchestrée à Bruxelles pour sortir l'économie française de son atonie.
L'ancien ministre des Finances de François Hollande pourrait ainsi être chargé de mettre en oeuvre le plan de relance de 300 milliards d'euros annoncé par Jean-Claude Juncker après sa nomination à la tête de l'exécutif européen.
Si ce poste ne serait pas nécessairement accolé à une direction générale, il lui attribuerait une responsabilité et des pouvoirs pour porter le plan de relance.
LOT DE CONSOLATION
Doté d'un statut de vice-président, le commissaire à l'Investissement pourrait aussi se voir attribuer la mission d'incarner aux yeux de l'opinion un nouveau type de volontarisme économique via une politique de communication moins technocratique que celle habituellement déployée à Bruxelles.
On se défend à Paris de considérer ce poste comme un lot de consolation ou ne l'envisager que sous la pression de l'Allemagne, qui n'a pas caché ses réticences à l'idée que la France, mauvaise élève en termes de finances publiques, obtienne les Affaires économiques et monétaires.
Si François Hollande a demandé que le commissaire français joue un rôle économique important, il n'a en revanche jamais exigé que Pierre Moscovici succède au Finlandais Oli Rehn.
Des portefeuilles tels que la Concurrence, l'Energie ou encore le Numérique sont aussi susceptibles d'intéresser Paris.
Jean-Claude Juncker doit annoncer la composition de la Commission dans la première quinzaine de septembre.
Le Conseil européen se réunit samedi pour choisir son nouveau président et le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Le Premier ministre polonais Donald Tusk part favori pour le premier poste tandis que la ministre italienne des affaires étrangères, Federica Mogherini, a les faveurs des pronostics pour le second.
Outre les enjeux de personnes, l'enjeu pour François Hollande est d'obtenir que ses collègues valident son appel pour tenir au plus vite un sommet de la zone euro pour arrêter une nouvelle initiative de croissance au niveau européen.
Confronté au manque de résultats de sa politique économique, François Hollande a fait le choix d'accélérer le rythme des réformes structurelles tout en demandant des marges de manoeuvre budgétaires à ses partenaires européens et monétaires à la Banque centrale européenne.
Cette nouvelle offensive du président sur le front européen intervient quelques jours à peine après la démission d'Arnaud Montebourg, qui avait accusé le gouvernement d'étouffer la croissance avec une politique d'austérité.
(Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)